Comment croire en Dieu et lui faire le don de son existence dans une Pologne du début des années 60 où rode encore, à chaque coin de rue, dans chaque recoin du quotidien, le spectre du génocide juif ?
A travers la quête d’identitaire et originelle d’Ida, une jeune novice élevée dans un couvent qui s’apprête à prononcer ses voeux , Pawel Pawlikowski aborde des thématiques fondamentales comme la possibilité de croire en Dieu après la Shoa ou la recherche de sens d’une jeune femme hésitant entre son amour du Christ et celui, plus charnel, des hommes.
Le réalisateur polonais accompagne, avec une photographie en noir et blanc somptueuse, la novice et sa tante, une juge alcoolique et dépressive, dans leur enquête pour retrouver le lieu où les parents d’Ida, de confession juive, ont été assassinés durant la guerre. Il filme, avec un sens du plan très original - ses personnages semblent constamment cernés par le vide - une Pologne glaciale et glaçante, pétrifiée par son passé et d’où n’émerge aucune chaleur humaine.
Seuls les yeux de Ida, à la fois innocents et avides (splendide Agata Trzebuchowska), apportent un peu d’émotion à ce film visuellement magnifique, thématiquement fort mais quelque peu étouffé par le poids du signifiant.