Depuis le début de leur carrière (marquée par le fabuleux thriller noir Blood Simple), Joel et Ethan Coen sont réputés pour leur style narratif très particulier. Une technique qui a donné naissance à des perles comme The Big Lebowski, Fargo, No Country for Old Men et A Serious Man et qui est immédiatement reconnaissable dans leur nouvel opus, Hail, Caesar!
Josh Brolin y joue le rôle d’un ‘fixeur’ dans les années ’50, le bonhomme qui s’assure que tout marche comme sur des roulettes au sein d’un studio hollywoodien. Cela sous-entend vérifier que les productions ne dépassent pas leur budget, que tout est prêt à temps, mais cela signifie aussi qu’il doit trouver une solution pour les affaires extra-conjugales et autres grossesses involontaires des stars du grand écran. Dans le cas présent, il se voit obligé d’intervenir lorsque l’acteur principal d’une méga production autour de la Bible (interprété par George Clooney) se fait enlever. Les Coen se sont toujours montrés gourmands, quand il s’agit de cinéma, et Ave, César! ne fait pas exception à la règle.
Joel Coen: Nous n’avons jamais connu cette période, et on peut difficilement parler de nostalgie à cet égard, mais le film est clairement construit selon une version romantique du Holywood des années ‘50. Et il nous est particulièrement difficile de ne pas regarder la manière de faire les films à l’époque sans une certaine affection, une forme d’émerveillement. A l’époque, Hollywood était une fabrique parfaitement huilée d’où les films sortaient à la chaîne.
Vous pensez que vous auriez pu fonctionner dans cette fabrique?
Joel Coen: C’est impossible à dire. Le seul regard que nous puissions porter est celui de nos yeux modernes. Notre interprétation est inévitablement biaisée. Il est impossible de se déplacer comme ça dans le contexte d’il y a 60 ans. Je peux simplement parler de ce sentiment de chaleur que nous ressentons en regardant ces films. Ca ne correspond pas au cinéma que nous faisons, mais cela ne nous empêche pas de l’admirer.
Ave, César! renvoie à des événements et acteurs célèbres de l’époque, on pense notamment à l’actrice Loretta Young. Vous vous souvenez d’où l’idée de ce film vous est venue?
Joel Coen: En réalité, nous n’avons repris qu’un seul fait divers extrait des annales de l’histoire du cinéma, et c’est le fait que Loretta Young ait adopté son propre enfant. La figure historique qui est à l’origine de tout cela, c’est Eddie Mannix. Un homme très différent du personnage joué par Josh Brolin dans notre film, mais il était également un ‘fixer’, un résolveur de problèmes. Le genre de caractère autour duquel il est intéressant de construire un film.
Est-ce qu’on pourrait considérer Ave, César! comme une sorte de diptyque, avec Barton Fink, qui portait, lui, sur le Hollywood des années ‘40?
Ethan Coen: On n’y a pas pensé en ces termes, même si je comprends d’où peut venir le lien. Mais cette comparaison ne peut fonctionner que de manière très superficielle, je crois. Les différences entre les deux films dépassent de loin leurs similitudes. Cette histoire-ci se passe 10 ans plus tard, mais le ton et le genre sont aussi radicalement différents.
George Clooney, c’est la quatrième fois que vous collaborez avec les frères Coen, après O Brother Where Art Thou?, Intolerable Cruelty et Burn After Reading. Qu’est-ce qui continue de vous attirer dans leur travail?
George Clooney: Ce qu’ils voient en moi. A chaque fois, ils débarquent avec un script dans lequel je peux jouer un idiot complet. J’apprécie, évidemment, mais je n’aurais jamais cru que je devrais être aussi stupide dans un film. (rit) A chaque fois qu’ils m’envoient un script, je me demande ce qu’ils ont bien pu m’inventer. Pour Burn After Reading, ils m’avaient fait savoir qu’ils avaient pensé à moi en écrivant le personnage, un crétin avec une étrange machine dans sa cave! (rit) Et cette fois, ils ont fait de moi un imbécile qui se retrouve confronté à un groupe de scénaristes qui s’avèrent être communistes. J’adore leur manière de me maltraiter.
Avis
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