Les plus simplistes des ouvrages sur ‘comment écrire un scénario’ vous le diront: le protagoniste principal doit être actif. Ce qui est absurde. Un protagoniste peut très rester passif, mais il faut que son histoire soit prenante.
C’est là que les choses se corsent évidemment sérieusement.
Dans cette adaptation du roman biographique de Claire Tomalin, Dickens fait tout ce qui est en son pouvoir pour extraire Nelly Ternan de la société, ce qui la fait se retrouver dans une sorte de prison invisible. Impossible pour elle de chérir la moindre ambition ni de faire connaître son identité: elle ne se rend que trop bien compte qu’elle n’atteindra jamais son objectif. Tout ce qu’elle vit émotionnellement ne peut être confié qu’à Dickens et à sa mère. Mais même ces émotions restent en majorité intériorisées.
Le réalisateur, Fiennes, la scénariste Abi Morgan et l’actrice Felicity Jones font tout leur possible pour insuffler la vie à ce drame, mais on ne peut pas dire qu’ils y parviennent, en tout cas pas en restant dans une construction narrative classique, ce qui fait que l’histoire dans son entièreté se délie. Du coup, ce film merveilleusement interprété ne hante pas le spectateur comme il l’aurait dû. Peut-être que Fiennes aurait dû se concentrer totalement sur Dickens, ou adapter le drame de Ternan à la Terrence Malick.