Détective privé à ses heures et à sa manière, Doc Sportello apprécie énormément la compagnie de l'herbe, bien tassée dans un papier à cigarette, et fumée à grandes bouffées.
Alors qu'il pratique ce sport demandant une profonde inspiration, Shasta Fay Hepworth – son ex – débarque à l’improviste, et lui annonce qu'elle est impliquée dans une affaire d'adultère... et que son amant serait menacé d'enlèvement, sur ordre de sa propre femme! En moins de temps qu'il ne faut pour dissiper une volute de fumette, les disparitions pleuvent en effet. Les voies du mystère se multiplient, passant par un faux mort, mais vrai indic, par un cartel de drogue, des bikers nazis et une pléthore d'autres curiosités.
Vous trouvez ce scénario déjanté? Bienvenue dans le monde de l'écrivain Thomas Pynchon, grand roi de l'écriture à strates, allant de la paranoïa personnelle et politique à une sorte de grand-messe psychédélique, alimentée par une impressionnante érudition et l'usage fréquent de grandes quantités de drogues. Ça digresse en tous sens, ce que cette adaptation cinématographique de son roman Inherent Vice ne manque pas faire.
Le début du long-métrage de Paul Thomas Anderson ressemble d'ailleurs à une sorte de dérapage incontrôlé assez hystérique, pour trouver petit à petit "sens" (absurde) et rythme. Sans ses impressionnantes qualités de réalisateur (il oscille ici entre la grosse déconne, et le polar "classique", des transitions soulignées par la musique) , P.T. Anderson nous aurait sans aucun doute asséné un navet total, mais il s'en sort honorablement...