Tous les films de Jacques Audiard parlent de gens qui ne parviennent pas à réaliser leurs rêves. Dans Un Héros très discret par exemple, un homme diminué tente de se faire passer pour héros de guerre, et dans De Battre mon Coeur s’est arrêté, un homme qui gravite dans le milieu du crime rêve de devenir pianiste.
Dans Dheepan on suit un ancien Tigre Tamoul qui veut faire un trait sur son passé et aspire à mener une vie de famille normale. Pour ce faire, il se rend en France avec une famille composée, et y découvre que même dans les banlieues, il est difficile de garder la violence et le passé à distance. Le personnage principal, Dheepan est en réalité une sorte de Travis Bickle inversé, et Audiard ne s’en cache pas. Là où dans Taxi Driver, Travis, lui aussi vétéran de guerre, cherchait volontairement le monde de la violence, Dheepan tente lui de le garder à distance à tout prix. Et lorsque Dheepan se voit forcé de suivre les pas de Travis, il ne voit le salut que dans l’acceptation du rêve utopique de sa ‘femme’. Audiard savait très bien ce à quoi il voulait arriver avec son dernier film, et le jury cannois n’a pas été dupe.
Si Dheepan n’est pas devenu Un Prophète, c’est uniquement parce qu’il s’agit d’une bestiole d’une autre sorte. D’une certaine manière, le personnage de Dheepan est prévisible, mais c’était aussi le cas de Travis Bickle à l’époque.
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