La Belle et la Bête. La Belle, c'est cette sublime métisse, élevée par une famille d'aristocrates anglais, devant se battre contre les conventions rigides de l'Etiquette du XVIIIème siècle et l'obstacle social que constitue la couleur de sa peau. La Bête, c'est la valeur monétaire associée à la vie humaine.
Celle des esclaves dont il s'agit, pour les assurances, d'évaluer la valeur marchande en cas de perte d'une "cargaison". Celle des femmes, monnaies d'échanges serviles lorsqu'il s'agit de réaliser des mariages de raisons utiles à l'ascension de la famille. Amma Asante brassece drame amoureux, basé sur des faits réels, avec une fluidité aussi élégante que sa mise en scène. Forte d'un casting impeccable et d'une Gugu Mbatha-Raw aussi Belle que convaincante en femme rebelle, la réalisatrice distille les Grands Sentiments de manière particulièrement enivrante même si elle doit, pour y parvenir, forcer le trait de certains personnages, trop odieux pour être vrais.
Mais ce bémol ne gâche pas ce petit plaisir de cinéma classique dont la reconstitution historique soignée et la réflexion sociale mêlée de romance ne manquent pas de séduire.