Joe vit dans un monde à flux tendu: resté coincé stylistiquement dans les années 1980, il représente une sorte de parodie maladroite, provinciale et grotesque des golden boys de cette époque, de ces traders cokés toujours à l'affut du moindre argent, prêts à vendre père et mère.
Mais le Brabant Wallon n'est pas New-York, et les petites "arnaques" immobilières de notre homme n'impressionnent que ses collègues. Satisfait de sa personne (malgré le désastre sentimental qui jonche son existence), de sa vie matérielle, il reste pourtant un obstacle sur la voie pécuniaire florissante de Joe: une dame âgée, solitaire, vit sur le terrain qui jouxte son immense propriété, bloquant ses projets de bâtir un terrain de golf… Leurs chemins vont enfin se croiser, le dialogue s'entamer, mais de la plus singulière manière. Joe est bloqué au fond d'un puits, et sa voisine ne veut pas l'aider. Jour après jour, ils vont découvrir leurs vies, leurs squelettes dans le placard.
Comédie dramatique misant tout sur les accents, sur des personnages hautement caricaturaux, ce long-métrage de Sylvestre Sbille n'atteint pas tout à fait ses objectifs, le réalisateur ne maîtrisant pas suffisamment la tension, l'animosité que le spectateur développe vis-à-vis de Joe / Jonathan ZaccaÏ (en tout cas dans la première partie du film). Du coup, lorsque Je te survivrai prend des allures plus dramatiques, confidentielles, ce renversement ne réussit que partiellement à émouvoir.