La réalisation des plus beaux rêves individuels peuvent engendrer des cauchemars collectifs. Ce constat pour le moins pessimiste constitue le fil rouge discret qui parcourt ce qui est annoncé comme le dernier film réalisé par le Maître Miyazaki himself. «Le vent se lève» relate l’histoire d’amour entre Nahoko, belle jeune fille au destin tragique et Jiro, ingénieur aéronautique de génie, inventeur de l’avion Zéro, le meilleur avion de guerre du monde… responsable de milliers de morts. Derrière un mélo flamboyant et coloré, on retrouve une nouvelle fois les obsessions humanistes et pacifistes de Miyazaki mais développées de manière bien plus réaliste qu’à l’accoutumée, le personnage de Jiro s’inspirant en partie de son père. Si cette perspective plus adulte - et parfois cruelle - constitue une nouvelle preuve de la probité du fondateur des studios Ghibli, «Le vent se lève» laisse néanmoins un peu sur sa faim : trop long et quelque peu larmoyant, le film, malgré sa splendeur visuelle, ne décolle vraiment que lors des passages oniriques et de moments de grâce d’une simplicité fulgurante (sublime cérémonie de mariage). Malgré ces bémols, ce vent, par son intransigeance artistique, souffle bien plus fort que la plupart des productions animées qui semblent, à côté, bien terre-à-terre.