Imaginez. Un instant, vous êtes un homme libre profitant du respect des autres et de l'amour de votre famille, et l'instant d'après, on vous traite comme un échantillon sans valeur, livré au bon vouloir d'une personne qui vous voit comme sa possession.
Le réalisateur britannique Steve McQueen avait plus que raison lorsqu'il a décidé que son film sur l'esclavage aux Etats-Unis devait être l'histoire de quelqu'un ayant également connu une vie normale. Cela ne rend pas seulement l'horreur de la traite humaine encore plus prégnante, 12 Years a Slave en devient également un film qui ne parle pas seulement de racisme.
Le combat du personnage principal Solomon Northup afin de conserver sa valeur dans ces circonstances inhumaines (et ne jamais vraiment devenir un esclave) est au moins aussi impressionnant que la brutalité de la violence psychologique et physique. Et 12 Years a Slave n'est pas un cinéma pour âmes sensibles.
Tout comme dans Hunger et Shame, McQueen use de sa caméra à la fois comme d'un pinceau et d'un scalpel. Il refuse de détourner son regard de la cruauté mais il ne sombre jamais dans le sensationnalisme.