Le titre de ce film double et unique The Disappearance of Eleanor Rigby: Him/Her renvoie au personne principal féminin. Pourtant, à l'origine, le réalisateur, Ned Benson, qui met ici en images son propre scénario, n'avait en tête que l'histoire de la partie masculine de ce couple qui tente de se redresser après la mort de leur enfant.
Le rôle est interprété par James McAvoy, mais il a fallu un certain temps avant que l'acteur écossais n'ait le courage de dire oui à ce projet intrigant.
James McAvoy: Lorsque Ned m'a proposé le rôle, je venais de devenir père. Je n'arrivais tout simplement pas à m'imaginer de participer à une histoire parlant de la mort d'un enfant. Impossible. Quelques années plus tard, Ned est revenu vers moi avec la même proposition, et mon fils avait grandi. Il était en bonne santé et je sentais que je pourrais plus facilement me distancier. Et puis je trouvais ce script vraiment fabuleux. Du coup, j'ai quand même accepté.
Et comment s'est passée la gestion de ces émotions?
James McAvoy: En soi, c'était une horreur, mais c'est aussi la raison pour laquelle The Disappearance of Eleanor Rigby touchera le public. Ces deux films portent sur les émotions les plus fortes, les plus intenses qu'une personne puisse vivre. Mais cela parle aussi d'un amour adulte et de la force qui en découle, tant en bien qu'en mal.
Ned Benson, d'où vous est venue l'idée de raconter une même histoire de deux points de vue différents?
Ned Benson: Ca, c'est en grande partie à cause de Jessica Chastain, qui joue le rôle d'Eleanor Rigby. Dans les premières versions du script, le personnage de James était central. Mais lorsque j'ai approché Jessica, elle a commencé à me poser des tas de questions sur cette Eleanor Rigby, d'où elle venait, quelle était sa vision des faits. Et nos discussions ont fait naître tellement d'idées que j'ai décidé d'écrire un script parallèle où tout était vu à travers ses yeux à elle. Ce n'est qu'à ce moment-là que The Disappearance of Eleanor Rigby est vraiment devenu l'histoire d'une relation.
On remarque qu'il y a parfois de petites différences entre les mêmes scènes dans les deux films. Parce que la vérité est toujours subjective?
Ned Benson: (acquiesce) C'est juste. La vérité n'existe pas. Quand on présente les deux faces d'une histoire, on se rend compte que personne n'a tort ou raison. Mais aucun des deux ne raconte la vérité absolue non plus. Ce n'est qu'en additionnant les deux histoires que l'on peut se faire une idée de ce qui s'est vraiment passé.
N'avez vous pas eu peur d'écrire cette version féminine ? Elle est par définition plus éloignée de vous.
Ned Benson: Non, parce que Jessica était là. De plus, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de moi en Eleanor. En fin de compte, c'est le boulot d'un scénariste de parvenir à se couler dans tous les personnages, même ceux du sexe opposé. En fait, j'ai trouvé ça très intéressant.
James McAvoy, est-ce qu'il était difficile de vous défaire de ces sentiments douloureux à la fin de la journée de tournage?
James McAvoy: Etonnamment, non. Je dois dire que ça ne m'a jamais posé de problème. C'est plus dur au théâtre, parce qu'on joue en continu. Chaque soir, on rejoue tout en bloc. Dans le cas de The Disappearance of Eleanor Rigby, j'étais tellement cassé en fin de journée que je n'avais qu'une envie : penser à autre chose. Et puis, ma famille était avec moi à New York, et ça m'a été d'une grande aide. On s'est bien amusés ensemble.