Crimson Peak est sans aucun doute l’un des plus beaux films de l’année: un délice visuel pour le public plus âgé et plus simplement pour tout amateur de romans gothiques.
Les fantômes semblent s’être échappés de peintures de Goya, l’impact émotionnel de la couleur rouge est aussi fort que dans Vertigo et le mélange époustouflant de costumes et de décors rappelle les films de Visconti. Guillermo del Toro était clairement l’homme de la situation pour cette entreprise de mise en images d’un roman gothique. En fait, même dans son approche du sujet, il nous prouve qu’il est old school. Aucun plan superflu, bâclé ou dénué de signification: chaque étape est réfléchie. Mieux encore: la beauté de l’ensemble est telle que l’on ne tique presque pas face à la prévisibilité de l’histoire. Heureusement, parce qu’après un quart d’heure à peine, on sait de quoi il en retourne. La faute aux influences littéraires plus que criantes: Rebecca, Jane Eyre, Wuthering Heights, The Turn of the Screw et d’autres histoires de fantômes japonais à la Kwaidan ou Ringu. Mais del Toro semble totalement conscient de cet état de fait, et choisit de se concentrer sur les personnages et le sous-texte (l’aristocratie anglaise qui, pareille aux vampires, suce le sang de la terre).
Le résultat n’atteint pas les niveaux de Pan’s Labyrinth, totalement unique et novateur, mais les dernières lignes du générique de fin ne vous laissent qu’avec une envie: le revoir immédiatement.