A deux bonnes heures de Paris, au coeur de la Normandie, vit le réalisateur français Luc Besson dans un superbe et immense domaine idyllique. Et voici qu'arrive son nouveau projet, un film d'animation et 3D 'Arthur and the Minimoys'. Après des succès comme 'Le grand bleu' et 'The fifth element' (avec Bruce Willis), Besson voudrait atteindre un public plus jeune. Les quatre premiers livres parlant d'Arthur ont été un succès gigantesque, se vendant à plus d'un million d'exemplaires en France. Le film d'animation qui nous arrive en décembre devrait permettre au monde entier de découvrir les Minimoys.
Passer des thrillers d'action à un film d'animation et des livres pour enfants pleins d'elfes, c'est un pas.
C'est vrai, mais lorsque Patrice Garcia et sa femme Céline sont venus me voir et me proposer de lancer une série télé autour d'Arthur – même si à l'époque, il s'appelait autrement - et les Minimoys, j'ai été immédiatement fasciné. Rapidement, j'ai vu le potentiel pour en faire un long-métrage d'animation, et après avoir longuement hésité, ils ont cédé.
Vous vous y connaissiez en animation?
Non, et c'est toujours le cas (rit). Mais je me suis entouré de gens qui s'y connaissent, les meilleurs: Emmanuel Prévost et Pierre Buffin. J'ai apporté mon expérience de réalisateur de films d'action pour les scènes avec Mia Farrow et le petit Freddie Highmore, mais aussi pour les scènes d'animation qui ont d'abord été filmées avec de vrais acteurs. C'est devenu un projet de lon,gue haleine. En réalité, on a commencé à travailler dessus il y a sept ans. Avec un budget de 65 millions d'euros on ne peut pas non plus dire qu'il s'agit d'un petit projet, hein!
Arthur et the Minimoys est un hommage à la jeunesse, qui comprend un message écologique clair. C'était important pour vous?
Très important, il y a tellement d'enfants aujourd'hui qui passent leur temps devant un écran d'ordinateur pour chatter ou traînent devant la télé, et ne sortent quasiment plus pour jouer. C'est la tâche des parents de les stimuler. Aujourd'hui, les enfants deviennent bien trop vite des adultes et oublient d'être des enfants, alors que justement, il faut essayer de conserver l'enfant qui est en nous le plus longtemps possible. C'est ce que j'essaye de faire. Dans le personnage d'Arthur, il y a 50% de moi-même, et je me reconnais dans les autres personnages. J'espère qu'en regardant 'Arthur', ils se rendront compte de la beauté et de l'aspect merveilleux de la nature, mais aussi de sa fragilité. 'Arthur' apprend aussi que l'on ne peut pas plier la nature selon sa volonté, que ça peut avoir des conséquences terribles. Voyez ce qui se passe avec le réchauffement de la planète.
Vous n'avez pas d'adresse mail. Vous détestez les ordinateurs?
J'ai une adresse mail, mais mes mails arrivent sur l'ordinateur d'une collaboratrice qui me les imprime (rit). Oh, non, je suis ouvert aux nouvelles technologies, et quand elles peuvent faciliter et améliorer notre travail, pourquoi pas? Mes collaborateurs ont les ordinateurs les plus chers, et à la pointe du progrès. Mais moi-même, j'ai un peu peur de perdre mon 'touch' si je me laisse envahir par l'informatique.
Est-il vrai qu'Arthur doit devenir une trilogie, et que vous arrêterez alors de faire des films?
J'ai toujours dit que je voulais faire dix films, et s'il y a effectivement trois Arthurs – ce qui dépendra du succès du premier – alors je m'en tiendrai à ça. J'ai dit dans mes films tout ce que j'avais à dire.
Vous n'avez pas peur de sombrer?
Vous ne pensez quand même pas que ma vie n'est que le cinéma? (rit doucement). J'ai une chouette famille, j'ai ici un domaine magnifique, et il y a tellement d'autres manières de s'exprimer à travers la création: écrire des livres, produire les projets des autres,... je ne m'embêterai certainement pas.
Pour le casting des voix d'Arthur vous avez attiré quelques grands noms, comme Snoop Dog, David Bowie et Madonna. Elle a accepté parce qu'elle pouvait jouer la princesse?
(rit) Elle n'est pas une diva de ce genre, vous savez. Madonna est simplement une artiste qui travaille dur, qui sait ce qu'elle veut et a un nez certain pour dénicher les talents. Je la connais depuis des années, et j'ai travaillé sur certaines de ses vidéos, et lorsque je l'ai appelée, elle a immédiatement dit oui. Elle s'est lancée avec enthousiasme, d'autant que le rôle de la princesse Selenia lui convient parfaitement: une fille qui a des couilles, mais qui laisse malgré tout deviner son côté plus sensible. Je n'aurais pas pu rêver mieux.
Date de sortie: 13 décembre 2006
Par Jan Ruysbergh