J’étais impatient de m’asseoir à table avec Abel Ferrara hier. Le bonhomme ne connaît pas le compromis quand on parle de cinéma, et même si ses films n’atteignent pas toujours leur but, ils y vont bille en tête.
En plus, cela fait quelques années qu’il est totalement clean, et j’étais curieux de voir à quoi ressemblerait un Ferrara sobre et les idées claires. Lors de l’une de nos rencontres précédentes, à l’époque où il était grand consommateur, il s’est même endormi durant une interview. Et lorsque je lui avais doucement secoué l’épaule, il avait grommelé vivement “I’m thinking! I’m thinking!”.
Mais ce n’est pas tout, il y avait aussi son actualité. Quelques heures avant notre interview, Ferrara avait appris que Dominique Strauss-Kahn voulait porter plainte pour calomnie et diffamation suite à Welcome to New York. Un cadeau béni pour le film, évidemment, ravi de la publicité ainsi obtenue. Une des conséquences fut cependant que notre discussion s’est vue interrompue toutes les deux minutes par des coups de téléphone de l’avocat de Ferrara.
Quant à savoir si DSK a de quoi faire tenir son affaire, ce n’est pas certain. Ferrara et ses producteurs ont été plus que prudents en restant suffisamment à distance du véritable scandale sexuel. Ferrara est un malin.