Journal de bord Cannes 2022 - jour 4 - Actu Cinema

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La journée a démarré avec la projection du film en hors-compétition de George Miller, THREE THOUSAND YEARS OF LONGING ou TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE en français. Le réalisateur australien n’avait plus rien fait depuis son MAD MAX FURY ROAD, autant dire que son prochain film était attendu. Il est question d’Alithea Binnie, une spécialiste des contes et légendes. Un jour, elle rencontre un génie qui lui propose d’exaucer trois vœux en échange de sa liberté. Mais Alithea est bien trop érudite pour ignorer que, dans les contes, les histoires de vœux se terminent mal. Il plaide alors sa cause en lui racontant son passé extraordinaire. C’est sûr qu’un synopsis pareil peut surprendre. Et pourtant, c’est très George Miller qui a le cinéma de genre dans le sang. La narration est forcément très archétypée, normal vu le sujet, mais Miller parvient à insufler au récit un dynamisme, une énergie et une rêverie qui relèvent le film. Les histoires sont rendues passionnantes grâces aux joutes verbales livrées entre le génie et Alithea, brillamment interprétés par Idris Elba et Tilda Swinton. Ce qui était en apparence un petit film de George Miller est en fait une œuvre plus riche, profonde et réjouissante qu’anticipé. Bref, c’est un vrai coup de cœur pour cette fresque enchanteresse du maitre australien.

 

Ce fut ensuite le tour du premier film en tant que réalisatrice de Riley Keough : WAR PONY. L’actrice de MAD MAX FURY ROAD, UNDER THE SILVER LAKE ou encore AMERICAN HONEY s’est lancée dans l’exercice de la réalisation en collaboration avec Gina Gammell. Cela a donné WAR PONY, film s’intéressant aux native americans et leurs conditions de vie pas toujours optimales. On suit les destins croisés de deux jeunes Lakotas vivants dans une réserve. Bill, 23 ans et père de 2 enfants de mères différentes tente de joindre les deux bouts en faisant des petits boulots en tout genre. Matho, 12 ans, va voir son destin bouleversé à force de vouloir grandir trop vite. La mise en scène, plutôt classique, est pleine de promesses. Les personnages, malgré leurs nombreux défauts, sont très attachants et on se prend rapidement d’empathie pour eux, d’autant plus qu’ils sont magnifiquement bien incarnés par leurs interprètes. S’il ne renouvelle rien, WAR PONY a tout de même le mérité de parler d’une minorité peu représentée au cinéma et de révéler deux réalisatrices talentueuses.

 

Dire qu’on attendait TRIANGLE OF SADNESS est un euphémisme ! Ruben Östlund, palme d’or en 2017 pour THE SQUARE, est un réalisateur assez radical qui fait des choix forts, tant dans sa façon d’aborder les différentes thématiques qui l’intéresse que dans ses choix d’écriture de personnages et de dialogues. C’est le monsieur satire par excellence, monsieur cynisme alors le voir parler du monde du mannequinat et s’attaquer aux (ultra)riches, on s’attend forcément à un sacré spectacle, à des joutes verbales, des situations cocasses et rocambolesques. L’inconfort est total, le spectacle est au rendez-vous, les rires sont nombreux. C’est faussement subversif mais les attaques sont frontales et font mal. Les comédiens sont géniaux, chacun dans son style.

Serait-ce le meilleur film de la compétition jusqu’à présent ? Certainement ! C’est du grand Östlund, tout simplement et ne pas le voir au palmarès serait fort dommage.

 

 

Après la folie d’Östlund, place aux problèmes relationnels d’Emmanuel Mouret qui présentait CHRONIQUES D’UNE LIAISON PASSAGÈRE dans la section Cannes Première. Bien sûr qu’il est question de relations amoureuses, de réflexions autour de l’amour, du statut marital, d’amants et de comment on peut voir les relations extra-conjugales aujourd’hui quand on est quarantenaire ou plus. Allergiques à Vincent Macaigne, éloignez-vous car le bougre fait ce qu’il fait bien trop souvent ces derniers temps, à savoir un amoureux transi insécure et incapable de gérer ses sentiments correctement. Son couple avec Sandrine Kiberlain fait sens et fonctionne bien. Cela dit, sans être mauvais, CHRONIQUES D’UNE LIAISON PASSAGÈRE ne parvient pas à convaincre tant il est dans la ligne droite des marottes habituelles de son réalisateur. N’ayant pas la poésie, la tendresse ou l’humour de ses précédents films, cela ne marche pas aussi bien.

 

Place au second palmé d’or du jour, le roumain Cristian Mungiu qui venait présenter R.M.N. en compétition. Dans ce film dont le titre signifie tout simplement Roumanie, Mungiu expose les limites de l’Union Européenne et confronte son peuple à un double discours sur le racisme. Le film raconte notamment l’histoire de jeunes srilankais venus travailler dans une usine de village. Leur venue ne plait pas du tout aux villageois qui font preuve de xénophobie décomplexée. Alors que les roumains sont nombreux à aller travailler à l’étranger, ce qui est d’ailleurs le cas du personnage principal du film, Matthias, Mungiu les confronte à leurs propres contradictions. Mais au-delà du racisme, c’est plus largement de la peur que parle le film, notamment au travers du fils de Matthias. La peur de l’autre, la peur animale, le parallèle est fait. Malheureusement, si ce n’est lors d’un fulgurant plan-séquence en fin de film, Mungiu n'emballe jamais réellement les spectateurs.

 

Last but not least, voici le second film de Quentin Dupieux de l’année (avant INCROYABLE MAIS VRAI qui sort début juin dans nos salles) : FUMER FAIT TOUSSER. La séance de minuit fut l’une des plus vivantes qu’il m’ait été donné de vivre en 7 festivals de Cannes, autant dire que l’ambiance était au rendez-vous. Une fois de plus, Dupieux a choisi une histoire atypique mais qui a ses limites. Bien qu’il soit très drôle et réussi dans ce qu’il tente de faire, FUMER FAIT TOUSSER ressemble trop à un ensemble de courts-métrages sans véritables liens entre eux. C’est un film plein de bonnes idées mais qui ont du mal à exister les unes avec les autres. Restent de nombreux rires, un casting 5 étoiles, du surréalisme, du décalage, une musique sympathique et une bonne dose de second degré, ce qui n’est déjà pas mal.

 

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