Venise 2020 - Nomadland (critique) - Actu Cinema

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Voici enfin venu le temps du film le plus attendu du festival, celui qu’on attend depuis des mois : NOMADLAND de Chloé Zhao. La réalisatrice sino-américaine a été révélée en 2015 avec son premier long-métrage SONGS MY BROTHER TAUGHT ME mais c’est avec le suivant, THE RIDER, qu’elle s’est véritablement faite connaitre sur la scène mondiale. Ce fut un si gros succès que Marvel lui a proposé de réaliser le film THE ETERNALS, toujours prévu pour l’année prochaine. Entre temps, voici qu’elle présente en compétition à Venise NOMADLAND, film mettant en scène Frances McDormand dans le rôle principal.

 

NOMADLAND se déroule en 2011, après la crise des subprimes et de la bulle immobilière. Suite à l’arrêt du secteur d’activité porteur, la ville d’Empire s’est vidée de ses habitants. Et comme son mari est décédé, plus rien ne retient Fern (Frances McDormand) là-bas. Elle a donc emménagé son van et va vivre au gré du vent, s’arrêtant de temps à autres pour travailler et maintenir son rythme de vie.

 

NOMADLAND est l’histoire d’un style de vie, voulu par certains, subit par d’autres. Pour Fern, ce n’est pas volontaire de base, les soucis financiers sont importants mais, petit à petit, elle va s’y faire. Il faut dire qu’elle tient à sa liberté et veut protéger son envie de bouger et de découvrir de nouveaux horizons. Après toute une vie dans le même trou, il n’est plus question d’attaches. La vie en van emménagé va la faire rencontrer tout un tas de personnes de cette communauté, dont Linda May et Swankie, deux actrices non professionnelles qui incarnent leur propre rôle.

 

Il est beaucoup question de réflexion dans le film. Du regard porté par tout un chacun vis-à-vis de sa propre existence, de ses choix, de ses envies. Sur sa route, Fern va croiser Dave (David Strathairn), un homme d’une soixantaine d’année menant le même train de vie. Sa situation familiale est telle qu’il sera face à un dilemme qu’il proposera à Fern de faire aussi. Quels que soient les choix des personnages, les relations entre eux sonnent justes. Chloé Zhao évite trop de pathos, elle laisse assez d’émotion que pour se laisser emporter mais évite les clichés et gros sabots.

 

Chloé Zhao a choisi de faire un film qui prend son temps, un peu contemplatif. C’est une œuvre qui invite à l’introspection et à se laisser bercer au gré du vent. En plus d’être un portrait de la classe ouvrière américaine, il est aussi question du passé, du deuil, de la famille, de la pauvreté, de la débrouillardise. C’est également un film sur la découverte ou l’apprentissage. Sur les décisions, faciles et difficiles, à prendre au cours d’une existence. Sur les choix du cœur et ceux de la raison.

 

Le film est porté par une Frances McDormand au sommet, comme à son habitude. Elle n’a pas besoin de parler beaucoup pour faire passer l’émotion et les difficultés traversées par son personnage. Bien qu’elle excelle dans ce rôle de femme américaine de classe moyenne, il serait vain sans ses incroyables partenaires de jeu. Les comédiens amateurs sont touchants dans leur sincérité grâce au fait qu’ils ne jouent pas, ils sont tout simplement. Concernant David Strathairn, cela faisait un moment qu’il n’avait pas trouvé un aussi beau rôle et il l’exécute à la perfection. Son personnage offre une bouffée d’air frais à Fern mais également aux spectateurs.

 

On avait déjà pu constater dans THE RIDER à quel point Chloé Zhao aimait filmer les paysages. Elle le confirme à nouveau dans NOMADLAND, en filmant de grands espaces quasiment immaculés mais pas seulement. Son chef-opérateur Joshua James Richards a dû se faire plaisir en filmant énormément à l’aube ou à l’aurore, donnant lieu à des scènes d’une beauté presque apocalyptique grâce à ces ciels orange.

 

C’est toujours compliqué de vois des films qu’on attend énormément de peur d’être déçu. Chloé Zhao a pu répondre présente avec un troisième très solide long-métrage. Que ce soit au niveau de l’histoire que des comédiens en passant par la photo ou la musique, tout est une réussite dans NOMADLAND. Autant dire qu’elle ne fait que confirmer tout le bien qu’on pense d’elle et se place parmi les metteurs en scène américains les plus intéressants de notre époque. Au vu de la justesse du film et de la capacité de Zhao à mettre en scène des personnages fort, on est encore plus curieux de voir ses débuts dans le blockbuster chez Marvel.

 

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