Classé réalisateur hautement imprévisible dès son premier film, le sublimement nihiliste Seul contre tous (1998), Gaspar Noé double la mise avec Irréversible (2002), source d'infinies polémiques suite – notamment - à l’insoutenable scène de viol, radicale, de Monica Belluci. Plus calme, Enter the Void (2009) suscite tout autant de déchaînements de passions vu ses partis-pris esthétique et narratif uniques.
Avec Love, son quatrième long-métrage solo, Gaspard Noé aborde avec une frontalité totale le sexe, le vrai, celui pratiqué loin des regards. A l'instar du Nymphomaniac de Lars Von Trier, en version plus radicale, Noé ne veut rien cacher, rien simuler.
Présenté au festival de Cannes en "midnight screening", Love n'a pas manqué de provoquer les polémiques. Les excès pointés du doigt et "châtiés", touchent à l'ensemble de cette sulfureuse production: de l'aspect porno arty hardcore du film, aux affiches promotionnelles lascives et provocantes (le baiser à trois, en gros plan et le pénis éjaculant devant un sein), la technique 3D mise au service de l'ultime sensualité, les deux versions de la bande-annonce, dont une non-censurée...
Mais au-delà de tous jugements moraux, et autre état d'esprit bien pensant, il faut reconnaître objectivement l'indéniable talent de réalisateur de Gaspard Noé, expérimentateur fou, libre, sans limites, narrateur unique.
Cette approche sauvageonne, atypique, Noé l'applique cette fois à un mélodrame sensible, décrivant avec moult détails l'euphorie de la passion entre Murphy et Electra, un jeu d’exploration, de réussites et d'erreurs, et la dépression profonde provoquée par l'érosion, puis l'inévitable rupture. Comme à l'habitude, les expérimentions formalistes de Gaspard Noé se mettent au service d'histoires fortes et de personnages dépeints avec minutie... Et si Love provoque un séisme, passé le choc, ses qualités subsistent.
A voir dès le 29 juillet!