‘La dépression est la marque d’un manque chimique, ce n’est pas un trait de caractère.’ Ce n’est pas un hasard si on voit ces mots sur un panneau assez tôt dans le film Hungry Hearts. Si ce n’est qu’à ce moment-là, on n’y fait pas encore vraiment attention.
Le film n’en est alors qu’au stade de la fable romantique: deux personnes qui se rencontrent dans d’étranges circonstances et tombent amoureux. Une histoire d’amour comme il y en a tant, avec des personnages charmants.
Mais le réalisateur, Saverio Costanzo, ne joue pas le jeu avec honnêteté. Au fur et à mesure, sans jamais rien forcer, il pousse son film dans la direction d’un drame plus sombre, pour finalement aboutir au thriller. Son plus grand mérite étant qu’à aucun moment sa sympathie pour ses personnages ne faillit, même s’ils se conduisent de manière de plus en plus étrange. On en vient même à comprendre les motivations de leurs décisions, et c’est plutôt inquiétant.
Hungry Hearts peut compter sur deux acteurs principaux fantastiques, mais au final, c’est quand même la réalisation de Costanzo qui fait la différence. Sa technique pour nous faire entrer dans l’esprit tordu de l’un des personnages principaux, tient de la grande classe. Je dois reconnaître que je ne m’y serais jamais attendu de la part de l’homme qui a tourné La solitude des nombres premiers avec tellement peu d’éclat.