Je ne sais pas si vous êtes familiers du terme ‘sucker punch’. L'expression renvoie littéralement à un coup de poing qui vous prend totalement à l'improviste, et contre lequel on n'a donc absolument pas le temps de se préparer.
Boyhood, le nouveau film de Richard Linklater, en est une variante au figuré, mais l'effet n'en est pas moins fort pour autant. Le réalisateur, connu notamment pour la trilogie Before Sunrise/Before Sunset/Before Midnight, a démarré ce projet contant la vie d'un gamin qui grandit au Texas (Etat d'origine de Linklater ) en 2002.
Lorsque nous faisons la connaissance de Mason, il a environ huit ans et vit en compagnie de sa mère divorcée (rôle de Patricia Arquette) et son ambêtante grande soeur, Samantha, dans une petite ville. Son père (rôle d'Ethan Hawke) les a quittés un an et demi plus tôt et vit quelque part en Alaska. Au fil de l'histoire, Mason va déménager à plusieurs reprises, la mère va tomber sur des hommes à problèmes et son père fera quelques avancées vers l'âge adulte.
Linklater a tourné chaque année quelques scènes de plus avec le même acteur, ce qui donne un point de vue fabuleux sur l'âme d'un gamin grandissant. De plus, le film possède une belle émotion et un mix efficace de drame (jamais exagéré) et d'humour (toujours reconnaissable). Les réactions face à Boyhood sont unanimement enthousiastes, et s'il repart la semaine prochaine avec l'Ours d'Or, aucune voix ne s'élèvera pour protester.
Pour moi, le film possédait un plus inattendu, le fameux ‘sucker punch’ dont je parlais. Sans dévoiler trop de choses, je dirai que le film se termine avec Mason quittant la maison familiale pour partir à l'université. Et tout à coup, je me suis rendu compte que le jeune garçon, en cours de film, s'était transformé en une sorte de jumeau de mon fils, âgé de 19 ans, et qui habite en kot à Louvain depuis cette année. Une révélation tellement forte qu'il m'a été impossible de m'empêcher de pleurer. Et maintenant, des heures plus tard, je ne peux toujours pas y penser sans sentir une boule dans ma gorge.
Merci, monsieur Linklater.