Une heure de tranquillité: entretien avec Patrice Leconte - Dossier Cinema

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Abonné en son début de carrière aux comédies, parfois délirantes (Les Vécés étaient fermés de l'intérieur), ou encore longtemps exécutées en compagnie des amis de la troupe du "Splendid" (La série des Bronzés, Viens chez moi j'habite chez une copine...), révélant ainsi Jugnot, Clavier, Anémone... Patrice Leconte voit sa carrière prendre une autre direction, en parallèle avec celle de son complice Michel Blanc, à travers Monsieur Hire, un thriller dramatique fortement remarqué.

 

 

Suivent - entre autres - Le Mari de la coiffeuse, La fille sur le pont, ou encore l'étonnant film d'animation Le magasin des suicides. Leconte ne délaisse pourtant pas totalement ses premiers amours, en attestent Les Bronzés 3 – amis pour la vie, La guerre des Miss, et son petit dernier: Une heure de tranquillité, pour lequel il retrouve Christian Clavier.

 

 

A cette occasion, nous vous proposons un petite entretien avec le réalisateur.

 

 

Pourriez-vous nous parler de l'origine de ce projet ?

 

Les producteurs dUne promesse, mon dernier long-métrage, étaient convaincus que la pièce de Florian Zeller pouvait donner matière à un film. Je suis allé la voir jouer au théâtre et, quoique conscient de la nécessité d’un gros travail d’adaptation, je suis aussitôt tombé d’accord avec eux. L’adaptation faite par Zeller lui-même est remarquable; à la fois très fidèle à la pièce et très cinématographique.

 

Qu'est-ce qui vous attiré dans le récit de Zeller ?

 

Hyperactif depuis tant et tant d’années et faisant délibérément un tourbillon de chacune de mes journées, j’aspire à me poser, comme en rêve le personnage principal joué par Christian Clavier: ne rien faire durant une heure ; prendre le temps de rêvasser, fumer une cigarette et regarder passer les nuages... Nos vies, spécialement dans les grandes villes, sont frénétiques. Elles nous poussent au désir de souffler un peu et de lever le pied.

 

Vous dites souvent ne pas chercher à rendre votre époque à l’écran. Au-delà de la comédie, Une heure de tranquillité reflète pourtant l’air du temps: le rite de la Fête des Voisins, l’ouvrier portugais (Arnaud Henriet, formidable !) qui se fait passer pour polonais parce que c’est plus chic

 

J’ai souvent, c’est vrai, la volonté d’échapper à la réalité du moment. Mais il arrive qu’elle me rattrape : sous couvert de comédie, Viens chez moi, j’habite chez une copine  et, plus tard, Une époque formidable, de Gérard Jugnot, étaient des comédies témoins de leur temps. A sa manière, Une heure de tranquillité l’est également. Et ça ne me déplaît nullement.

 

 

La pièce de théâtre reposait sur les épaules de Fabrice Luchini, qui interprétait le rôle de Michel... Comment se fait-il que nous ne le retrouvons pas dans votre relecture?

 

En écrivant l’adaptation, Florian Zeller était convaincu qu’il adorerait le projet et, de mon côté, je me régalais à l’idée de le retrouver. Mais Fabrice a finalement préféré renoncer au film – il trouvait qu’il avait déjà passé trop de temps avec ce personnage. Lorsqu’il a déclaré forfait, nous avons immédiatement pensé à Christian Clavier, avec qui je rêvais de retravailler depuis Les Bronzés 3. Christian a adoré l’écriture de Florian Zeller et nous a aussitôt donné son accord. En posant une condition : il ne voulait pas que le film soit un show Clavier et tenait à l’idée d’un film de groupe.

 

Pièce et films sont fortement différents...

 

La trame est évidemment la même mais ce qui n’existait qu’en filigrane dans le spectacle a été considérablement développé. Certains personnages, comme celui du fils, joué par Sébastien Castro, ont foncièrement changé, tout comme la famille de Philippins, l’ouvrier portugais, la femme de ménage, la fête des voisins... Et puis, au lieu de se passer dans un salon, le film se déroule dans un appartement de 200 m2, avec des chambres, des couloirs, des paliers, des escaliers, un ascenseur... C’est une formidable aire de jeu pour un réalisateur. On n’est plus du tout au théâtre.

 

Une heure de tranquillité renoue avec les Fâcheux de Molière (une belle galerie de casse-pieds) et l’esprit du vaudeville à la sauce Feydeau. Mais le film a aussi un côté très british…

 

Je prends cela comme un compliment magnifique. Sans renier la tradition de la comédie française, sentimentalement et artistiquement, je me sens plus proche de l’humour anglo-saxon.

 

Revenons aux fâcheux du film, tous affreux, tous coupables de trahison, mais finalement tous très attachants.

 

Ils sont tous un peu bord cadre mais je ne vois pas qui, parmi eux, on pourrait détester. J’ai toujours été incapable de mettre en scène des gens que je n’aimais pas. Je suis ému par Nathalie, le personnage de Carole Bouquet, confondu de tendresse pour Elsa, celui de Valérie Bonneton, complètement larguée à force d’aimer un type qui se fiche d’elle. Je me sens, moi aussi, prêt à dépanner Pierre, que joue Christian Charmetant, un raté fini mais vraiment attendrissant.

 

 

 

 

Avec Christian Clavier, Carole Bouquet, Valérie Bonneton, Rossy de Palma dans la distribution, on retrouve votre penchant pour les acteurs populaires.

 

J’adore les acteurs! Et c’est tellement confortable de travailler avec ceux qui sont connus: ils vous font gagner un temps fou sur le scénario. Lorsqu’une porte s’ouvre et que vous voyez entrer Carole Bouquet, vous n’avez aucun besoin de raconter qui elle est ni d’où elle vient : elle est le personnage. Tout va très vite. C’est beaucoup plus difficile avec un comédien inconnu.

 

Une heure de tranquillité fonce à toute allure !

 

Je cadre toujours moi-même mes films. Même si je n’ai plus tout à fait 25 ans, j’ai décidé de tourner celui-ci entièrement caméra à l’épaule. Je voulais que la caméra soit un des personnages du film, qu’on ne s’installe pas dans le confort d’un tournage bourgeois – même si on filmait des bourgeois –, que ça bouge, que ça aille à toute berzingue, qu’on ait presque le sentiment d’un "reportage".

 

J’avais exigé des acteurs qu’ils sachent leur texte au rasoir. Il nous est arrivé de tourner cinquante-deux plans dans une seule journée; trois prises, on en refait une petite, et hop !, on passe au plan suivant. On a réalisé le film en cinq semaines et j’ai adoré cette énergie incroyable même si, au final, j’en suis sorti sur les rotules.

 

 

 

 

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