Mammoth - Chronique Cinema

Il vous faudra chercher longtemps avant de trouver quelqu'un qui ne reconnaîtra pas que le monde est plutôt injuste. La naissance est une vaste loterie et avec un peu de malchance, vous vous retrouvez sur une partie de cette terre où la famine et la misère sont le lot quotidien. Dans 'Mammoth', le réalisateur suédois Lukas Moodysson (dont vous avez peut-être vu 'Fucking Åmål' et 'Together') joue à fond sur le sentiment de culpabilité ressenti par beaucoup de riches occidentaux. Sentiment qui ne mène quasi jamais à la prise de décisions pouvant changer quoi que ce soit à cet état de choses. L'image de Michelle Williams qui court sur une machine de jogging sur un toit de Manhattan résume parfaitement l'ensemble. Elle vit dans un environnement fabuleux, a tout ce qu'elle veut, mais est malheureuse et ne peut faire un pas de plus. La vision romantique que Moodysson a de la vie met par moments des bâtons dans les roues de son propos (surtout dans les scènes avec la gentille prostituée). Mais quand on regarde cela clairement et que l'on voit ce que le réalisateur veut dire, on risque plus d'une larme à l'oeil. 'Mammoth' est un mélodrame qui, derrière un gentil sourire, cache des dents acérées.