The Departed - Interview Cinema

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MARTIN SCORSESE: Pas encore sur le départ!

Il est difficile de croire que l'un des plus grands réalisateurs de notre temps a failli rentrer dans les ordres avant de se lancer dans le cinéma... Mais c'est peut-être cette vision particulière du monde qui lui a permis de créer tant de chefs d'oeuvres. Il le prouve une fois de plus avec " The Departed ", un drame qui dépeint avec justesse violence, loyauté et trahison.

Ces derniers temps, vous basez vos films sur la culture irlandaise, pourquoi?

C'est une question intéressante. Je suis très proche de mes origines italiennes, comme vous avez pu le constater dans une majorité de mes films, mais j'ai grandi dans un quartier typique de New York, partagé entre italiens et irlandais. Et malgré quelques différends, c'est ensemble qu'ils ont construit New York City. Je me sens proche de la culture irlandaise, il y a cette importance de la famille, de la religion, comme chez les italiens. Et puis, l'auteur du scénario de "The Departed" se nomme William Monahan, il n'y a pas plus irlandais que çà (Rires)!

L'histoire s'inspire pourtant de "Infernal Affairs", un film basé à Hong Kong?

Le fait que l'idée de départ vienne d'un film chinois ne m'a pas perturbé, j'ai simplement réagi au script que Will (Monahan) a écrit. Mais j'ai vu un grand nombre de films asiatiques et j'aime ça. Prenez "The Killer" de John Woo, c'est imbattable! C'est quelque chose que, en tant que réalisateur, vous devez être capable d'apprécier. Vous devez y puiser l'inspiration et y voir une nouvelle façon de faire des films. Le seul élément similaire aux deux films est l'idée de loyauté et de trahison. J'ai été attiré par la façon de vivre et de penser des personnages, j'ai voulu donner une description intimiste de la société vue par deux groupes totalement opposés, celle de la justice et celle du crime.

Le monde policier ne vous est pas familier, comment vous y êtes vous pris?

Je me sentais effectivement plus à l'aise lors du tournage des scènes de rues et de bars mais la description très détaillée du scénario m'a permis de voir les choses clairement dans ce monde jusqu'alors inconnu à mes yeux.

Comment évoluent vos tournages, y a-t-il des changements, des improvisations...?

Depuis le début de ma carrière, je prends plaisir à m'impliquer dans le procédé de fabrication des films. C'est une collaboration qui se fait tout au long du tournage entre l'auteur du script, les acteurs et moi-même. Nous avons développé les personnages, notamment celui joué par Jack Nicholson, de manière un peu différente de celle décrite originalement dans le scénario; je suis très ouvert aux idées et points de vue apportés par mes acteurs en ce qui concerne leurs rôles. Mais c'est difficile à expliquer, vous devez être présent pour vraiment voir comment cela se passe.

Pourquoi tant de violence dans vos films?

Je l'ai dit de nombreuses fois, je n'ai aucune excuse. Je pense que j'approche la violence de la manière dont je l'ai vécue dans ma jeunesse. Il y avait beaucoup de violence physique mais aussi morale autour de moi. C'est une partie de ce que je suis et de qui je suis; et cela s'immisce dans mes films... Certaines scènes sont tellement violentes qu'elles en deviennent absurdes mais je pense que c'est aussi absurde que la vie en soi! La violence dans les films, c'est comme les jeux vidéo, si vous voulez la voir et l'affronter telle qu'elle est, elle se doit d'être décrite avec force et réalisme.

A quoi pensez-vous quand vous jetez un coup d'oeil sur votre carrière?

Je ne sais pas, j'ai l'impression que c'est un rêve... J'essaye de rester intéressé par ce que je fais, et de profiter du talent des acteurs avec qui je travaille. Ce n'est pas facile de garder l'énergie, la curiosité et l'intérêt à faire des films; ils doivent représenter quelque chose à mes yeux et c'est une véritable bataille vu la nature du système hollywoodien actuel. C'est peut-être difficile à croire, mais j'essaye encore de me tracer un chemin dans ce monde...

DAMON ET DICAPRIO: PRODUITS DE LEUR ENVIRONNEMENT...

Sous la direction de Martin Scorsese pour la troisième fois, on dirait que Léo DiCaprio a trouvé son mentor. Quant à Matt Damon, rien de tel pour encrer une carrière déjà bien remplie! Les deux blondinets se donnent à fond et profitent de l'opportunité qui leur est offerte dans "The Departed".

Vous auriez pu jouer le personnage de l'autre, qu'est-ce qui a motivé votre choix?

Matt Damon: On a joué çà à pile ou face (rires)! Non mais sérieusement, Léo et moi trouvions qu'il s'agissait de deux personnages incroyables et je pense que nous aurions été contents de jouer l'un ou l'autre. Le script est écrit de telle sorte que chaque personnage a un rôle important à jouer dans l'histoire et c'est un plaisir d'avoir autant à faire chaque jour de tournage.

Leonardo DiCaprio: J'ai simplement été le premier à lire le script, suivi de Matt... On ne s'est pas vraiment posé de question, c'était avant tout la décision de Marty (Scorsese). Ces deux personnages sont des produits de leur propre environnement, ils auraient pu aisément prendre la décision et le chemin de l'autre. Il aurait pu s'agir de deux films, nous n'avions pas beaucoup de scènes en commun; ils se rencontrent à certains moments mais ils vivent des expériences totalement différentes.

Comment vous y êtes-vous pris pour insuffler une telle violence à vos personnages?

Matt: Tout d'abord, j'ai l'avantage d'être de Boston, je connais la ville et je n'ai pas eu à apprendre l'accent de là-bas. Je me suis directement plonger dans le milieu policier avec l'aide d'un ancien flic. J'ai accompagné la police lors de patrouilles et j'ai même participe à l'arrestation d'un dealer de drogues! Après coup, je suis certain de ne pas avoir été en danger; il y avait plus de policiers que nécessaire, j'étais à l'arrière avec un gilet pare-balles et ils ne m'ont laissé entrer que lorsque tout était fini. Mais quand même, je l'ai vécu et j'ai ressenti la violence d'une telle action!

Léo: (Rires) J'ai appris la violence en regardant les films de Martin Scorsese, je suppose! Hum... Non, je ne suis pas vraiment habitué à ce genre de violence immédiate mais en tant qu'acteur vous devez être capable de le faire. Et si cela ne vous est pas familier, vous allez le chercher ailleurs. Je me suis installé à Boston; une ville que je ne connaissais pas du tout. J'ai passé pas mal de temps avec des gens qui vivaient déjà là dans les années 80, ils m'ont raconté des histoires de crimes perpétrés par la mafia de South Boston, des batailles de rues... C'était très important pour moi d'être proche d'eux et d'écouter leurs récits. Vous pouvez lire des livres sur le sujet, et je l'ai fait, mais être capable de pénétrer l'esprit de ces gens est ce qui m'a vraiment permis de comprendre la façon d'agir de mon personnage.

Comment était-ce de travailler avec Jack Nicholson?

Matt: Jack a apporté un nouvel élément à son personnage de gangster, il l'a rendu plus authentique. Je ne sais pas s'il fait beaucoup de recherches ou s'il s'agit simplement d'intuition mais je l'ai trouvé vraiment très impliqué. Il est prêt à pousser sa performance au maximum afin de rendre les scènes les plus réalistes possible. Je suis certain qu'un grand nombre des ses improvisations ne sont pas dans la version finale, il le fait juste dans le but de laisser au réalisateur le choix de la meilleure scène pour le film. C'est vraiment impressionnant de voir à quel point il travaille sur son personnage!

Léo: Plus d'une fois, je ne savais pas à quoi m'attendre. Je me rappelle une scène où un technicien m'a dit: "Sois prudent, il a des allumettes, une bouteille de whisky et un extincteur!" (Rires). Ce n'est pas que j'aie été effrayé par son comportement professionnel mais pour mon personnage, ce mec qui vit dans la panique d'être découvert et tué sans aucun sursis, cela a injecté une sensation de peur et donné une toute autre énergie à ma performance. Pour moi, il s'agit définitivement des moments les plus intenses du film et, en tant qu'être humain, il y a des souvenirs que je n'oublierai jamais. Par Catherine Nitelet-Vedder

'The Departed'sortira sur nos écrans le 8 novembre 2006

 

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