George Miller: De l'Australie à l'Antarctique.
On lui doit la trilogie bestiale des 'Mad Max' mais il a aussi un faible pour les bestioles... Après 'Babe in the City', George Miller s'embarque au pays des manchots, danseurs de claquettes!
Le film n'est pas aussi enfantin qu'il y paraît?!
Lorsque j'ai présenté le script, les studios m'ont encouragé à pousser ce côté plutôt sombre de l'aventure. Je me suis rendu compte que dans toute histoire, toute grande épique, il y a plus que ce que l'on peut y voir, il y a un mystère! Pourquoi racontons-nous des histoires? Comment nous y prenons-nous? C'est une métaphore, c'est une fable qui peut être interprétée de différentes manières par le public. Regardez les films de Walt Disney, on y retrouve une certaine profondeur, un côté grave qui implique beaucoup plus! Dans le troisième acte de 'Happy Feet', lorsqu'on a l'impression que Mumble est perdu, il est intéressant de voir que ce qui le sauve c'est ce qui a toujours fait sa différence!
Vous essayez donc de faire passer un message?
Lorsque je raconte une histoire, j'espère qu'elle fera réfléchir le public. Ce film parle d'appartenance, du sentiment d'être fier de qui l'on est, quoi que l'on soit, et de se sentir à l'aise parmi sa famille, ses amis, la communauté, le monde entier...
Avez-vous fait des recherches en Antarctique?
Non, mais mon frère s'y est rendu pour faire des recherches, filmer le paysage et les animaux qui y vivent. On m'a proposé d'accompagner une cargaison d'appareillages mais je n'aurais eu l'occasion d'y rester que le temps de la livraison. J'ai été tenté de le faire mais, à mon avis, c'était tricher que de dire que je m'y étais rendu alors qu'il ne s'agissait que d'une heure sur place. C'est pourtant fascinant d'entendre que tous ceux qui y sont allés sont obsédés par l'idée d'y retourner!
Pourquoi avoir mélangé des images réelles aux images de synthèse?
J'ai été confronté à deux choses parfaites. Les pingouins animés étaient d'une qualité incroyable et les paysages filmés lors des expéditions l'étaient tout autant! C'était très difficile de mélanger les deux, nous y avons passé un temps énorme mais cela en valait la peine! Je ne voulais pas caricaturer et exagérer ce qui était là, dans la beauté de la nature.
Que pensez-vous de 'La Marche de l'empereur'?
Nous travaillions sur le film depuis longtemps lorsque c'est sorti au cinéma. 'Happy Feet' est une histoire originale, nous ne nous sommes pas inspirés d'un livre et ce n'est pas un remake. Nous avons été très heureux du succès de ce documentaire, c'était le premier pas de sensibilisation du public vis à vis du monde des pingouins.
Qu'en est-il de 'Mad Max 4' et de Mel Gibson?
Nous avons eu des problèmes de budget et de sécurité en Australie. Les studios étaient prêts à travailler sur 'Happy Feet' et j'ai donc abandonné le projet pendant un moment. Mais je n'ai pas laissé tomber, ça intéresse beaucoup de gens à Hollywood! En ce qui concerne Mel, je pense qu'il voulait en faire partie mais je crois qu'à présent, il est plus intéressé par ce qui se passe derrière la caméra. Il avait vingt et un ans quand il a tourné le premier film, il a maintenant la cinquantaine... Mad Max est un homme avide d'action, pas un homme d'âge mûr qui court les plaines perdues d'Australie.
Robin Williams et Elijah Wood: Le bouffon et le petit prince
L'un est excentrique, l'autre est posé... Robin et Elijah semblent n'avoir rien en commun. Pourtant, ils ont l'air de s'être éclatés dans la peau des pingouins du nouveau film d'animation 'Happy Feet'!
Que préférez-vous, être devant la caméra ou faire des voices-over?
Robin Williams: Faire le 'voice-over' est pour moi ce qu'il y a de mieux, c'est un véritable cadeau! C'est ma cour de recréation, je peux créer un personnage qui n'a rien à voir avec ce que je suis. George Miller est un réalisateur qui est très pointilleux, il en veut toujours plus et c'est génial car cela m'a permis de me lâcher et essayer plein de choses différentes. Lorsque j'ai commencé dans l'animation, il fallait suivre mot à mot ce qui était écrit car les personnages étaient déjà dessinés. Maintenant, grâce à l'animation par ordinateur, je peux improviser autant que je veux, ils prennent ce qui convient le mieux. C'est 'Footloose' rencontre 'La Marche de l'empereur'!
Elijah Wood: J'aime les deux mais il est vrai que travailler en coulisses, n'être qu'une voix, est incroyablement libérateur! A l'opposé du travail d'acteur, vous avez l'occasion de créer quelque chose de neuf, de le voir prendre forme. Je trouve qu'il n'y a rien de plus gratifiant que de travailler sur ce qui est, en fait, le premier élément de la création du film d'animation. C'est de cette manière que le personnage prend vie. Vous ne vous rendez pas vraiment compte du travail accompli jusqu'à ce que le film soit entièrement terminé et prêt à passer dans les salles.
Robin, vous interprétez deux pingouins différents et vous Elijah, votre personnage chante faux...
Robin: Il y a Ramon, le pingouin Adelie; il est latino. Je dirais même, pour être plus spécifique, Argentin. Cet accent lui donne un côté assez macho, il a une forte personnalité même s'il est de petite taille. Les comédiens qui jouent les autres pingouins de cette bande étaient de vrais hispaniques, c'était donc très amusant d'imiter leur accent et de me fondre dans cette culture. Mon autre personnage, c'est Love Lace, il est le grand gourou, le Barry White des pingouins! Sa voix est langoureuse, on sent l'amour et la séduction qui en ressortent. J'ai vraiment un profond respect pour les animateurs. Vous leur donnez une inspiration et de là, ils créent des caractéristiques physiques uniques à ce que vous avez créé vocalement. C'est incroyable!
Elijah: Les fausses notes ne me changent pas trop! Je sais chantonner mais je ne me considère pas comme un ténor. Je suis plutôt intéressé par ce que les autres font, je lance d'ailleurs mon propre label musical en février prochain. Mais je dois dire que c'était vachement drôle de chanter faux, ils ont même rendu ma voix encore plus insupportable en y mélangeant des cris réels de pingouins. Je ne pourrais même pas chanter si mal en vrai! Les animateurs se sont-ils basés physiquement sur vous pour créer les pingouins?
Robin: Non, je ne crois pas. C'est d'ailleurs un avantage car il était plus facile pour moi de prendre une voix à la Barry White que de lui ressembler; même avec beaucoup de maquillage (rires)! Les animateurs nous ont montré une esquisse de nos pingouins respectifs mais le résultat final, avec les mouvements et le son, ça m'a vraiment coupé le souffle!
Elijah: Honnêtement, je ne trouve pas que mon personnage me ressemble, je pense que je me suis perdu dans le monde des pingouins... Cet univers m'est devenu si familier que je n'ai jamais fait un effort conscient pour rechercher la ressemblance. Beaucoup de gens le disent, ce doit être les yeux bleus. Les animateurs ont passé en revue des photos de moi et il semble que cela ait influencé la couleur des yeux de Mumble.
Vous est-il arrivé de vous sentir différent, comme le personnage de Mumble?
Robin: Je suis enfant unique et j'ai grandi en solitaire. En quelque sorte, j'ai l'impression que l'on m'a forcé à devenir adulte trop rapidement. C'est seulement quand je suis allé à l'université, et que j'ai découvert le théâtre d'improvisation, que j'ai enfin pu agir comme un enfant. J'ai eu le déclic et il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre que c'était plus marrant que d'étudier l'économie (rires)!
Elijah: Je me suis toujours senti plus vieux que ceux de mon âge; c'est peut-être parce que j'avais plus de responsabilités que les autres et que je me sentais déjà adulte, en quelque sorte... Je me souviens du sentiment de ne pas faire partie de la bande... Je n'ai commencé à me sentir à l'aise qu'à l'adolescence. C'est à ce moment-là que j'ai rencontré des gens qui ressentaient la même chose que moi.
A Los Angeles, Catherine Nitelet-Vedder