Je ne sais absolument pas si ça a quoi que ce soit à voir avec le cliché existant sur la Berlinale, mais ces derniers jours, la compétition officielle nous a surtout proposé des films baignant dans une ambiance glacée.
Il y a tout d'abord eu In Order of Disappearance du réalisateur norvégien Hans Petter Moland, avec son bon ami et acteur attitré Stellan Skarsgård dans le rôle principal. Il joue ici un déblayeur de neige professionnel qui a recours à des mesures extrêmes lorsque son fils est retrouvé mort. Il refuse de croire qu'il s'agit d'une overdose (comme le prétend la police) et il a raison. Le jeune homme s'est retrouvé pris par inadvertance dans un trafic de drogue et a été assassiné par des gangsters. Et c'est ainsi que démarre une histoire de vengeance dans le Grand Nord, mise en boîte par Moland comme s'il s'agissait d'une comédie slapstick rouge sang et noir de jais. Un exemple? A chaque fois que quelqu'un présente une pipe à Maarten dans le film (et ça arrive plus d'une fois), un message de mort apparaît à l'écran. Il y a cependant peu de chances que In Order of Disappearance se retrouve au Festival de Gand plus tard cette année, le directeur artistique de l'événement ayant déclaré que le film de Moland est “la fin du cinéma”. Une remarque étrange et assez injuste, mais chacun ses goûts.
Aloft fait encore plus dans le froid glacial, le sous-texte humoristique en moins. Le nouveau film de la réalisatrice péruvienne Claudia Llosa, qui avait décroché l'Ours d'Or il y a quelques années pour La teta astustada, conte l'histoire d'une mère (Jennifer Connelly) à la recherche de quelqu'un pouvant soigner son fils malade, Gully. La médecine classique ne peut l'aider, et elle a placé ses derniers espoirs en un homme appelé l'Architecte, dont on dit qu'il peut soigner les gens via des forces naturelles en partie magiques. Dans sa quête, elle perd de vue qu'elle a également un autre fils, Ivan, qui a lui aussi besoin de l'attention de sa mère. Llosa a toujours fait des films mêlant drame et poésie, et il n'en est pas autrement cette fois. Elle le fait de sucroit à nouveau de manière très élégante, en y entremêlant l'histoire d'Ivan devenu adulte.
Et enfin, il y a également le film chinois Black Coal, Thin Ice. A première vue on pense se trouver face à un thriller intrigant, qui s'ouvre sur une étrange affaire remontant à 1999, lorsque des parties de corps ont été retrouvées dans différentes manufactures de charbon. Le dossier est resté irrésolu, jusqu'à ce que cinq ans plus tard, de nouveaux éléments apparaissent. Black Coal, Thin Ice a beau s'inscrire dans le cadre d'un thriller, il s'agit en réalité d'un étrange film noir aux couleurs néon. Le gel de l'histoire symbolise les relations galciales entre les personnages qui ne sont jamais qui ils semblent être. En soi, pas une mauvaise idée pour un film, mais du coup, il est difficile de s'intéresser de manière continue à l'histoire. Et s'il termine littéralement en feu d'artifice, au figuré, ce n'est pas vraiment le cas.
L'ironie étant évidemment que ces dernies jours, la Berlinale bénéficie d'une météo parfaite, avec un agréable soleil rayonnant sur nous.