Un cinéaste d'horreur qui filme l'affaire Dutroux, cela semble être une mauvaise idée. Pourtant, le réalisateur Fabrice Du Welz a grandi avec cette affaire sensible. Dans 'Maldoror', la réalité et la fiction se mélangent pour créer un thriller d'horreur obsédant, mais le film reste toujours respectueux et authentique.
En 1995, le jeune policier Paul Chartier est affecté à l'opération secrète « Maldoror ». Son travail consiste à surveiller un criminel sexuel. Alors que les preuves contre l'homme s'accumulent, la police et le système judiciaire s'opposent à l'enquête. Frustré, Chartier se met lui-même à la recherche du coupable.
Un film macabre mais de bon goût
Peu d'affaires ont autant secoué la Belgique que l'affaire Dutroux. Des articles de presse aux titres terrifiants sont profondément ancrés dans la mémoire collective. Un film sur cette affaire est donc particulièrement délicat.
Une approche trop grotesque briserait le thème fragile et une approche trop sobre offrirait trop peu de profondeur. Après tout, nous connaissons probablement tous les faits essentiels, ne serait-ce que parce que nous écoutons fidèlement le podcast « De Volksjury ».
Mais comment présenter cela avec goût ? Et surtout, qui peut réaliser un tel film ? Pour certains, le premier choix s'est porté sur le réalisateur Fabrice Du Welz. Il est l'auteur de plusieurs films d'horreur belges. C'est un genre où l'on pense rapidement à l'exploitation et au mauvais goût.
Dans le cas de 'Maldoror', Du Welz s'est donc efforcé d'éviter le sensationnalisme. Nous ne voyons ni la cave, ni les filles. Au lieu de cela, nous nous concentrons sur le policier qui a des principes et qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour résoudre l'affaire.
L'expérience de Du Welz en tant que réalisateur de films d'horreur crée une tension constante. Le public ressent le désespoir, la peur et le dégoût sans être pris au dépourvu. Le film fonctionne comme une adaptation d'un crime réel, mais aussi comme un thriller d'horreur dans un mélange unique des genres auquel le cinéma belge n'est pas habitué.
Faits et chiffres
En outre, « Maldoror » cherche le dangereux équilibre entre la fiction et les faits ; il s'en tire sans problème. Comme les noms des personnages ont été changés, on rappelle constamment au public qu'il s'agit bien d'une fiction. D'un autre côté, l'intrigue nous aliène lorsqu'elle nous fait brièvement basculer dans le monde de l'imaginaire.
Le final qui nous offre une version alternative de la vraie histoire semble être inspiprée du film de Tarantino « Il était une fois à Hollywood » (2019). Des interviews révèlent que ce film a été une source d'inspiration cruciale pour 'Maldoror'. Mais comme pour le dernier Tarantino, certains applaudiront le final et d'autres fronceront les sourcils.
En effet, dès le début, on nous dit que « ceci n'est pas Miami Vice » et on nous le rappelle à plusieurs reprises alors que nous regardons les faits se dérouler devant nos yeux dans un cinéma naturaliste et obsédant. Mais le scénario plonge ensuite dans un style Miami Vice. Selon Du Welz, il l'a fait pour nous donner un sentiment de justice. Pourtant, après le tour de force qui précède, on a l'impression que c'est un peu paresseux.
En fin de compte, il n'y a pas de meilleure façon de filmer l'affaire. "Maldoror" est un document temporel important sur la façon dont nous considérons l'affaire Dutroux près de 30 ans plus tard. Il vaut mieux le regarder au cinéma, ne serait-ce que pour en parler ensuite à d'autres. Après tout, les faits touchent tous les Belges et ce film les touche probablement aussi.
Retrouvez ici les horaires du film dans les cinémas proches de chez vous.
Cinenews-journaliste: Senne Cambré