Fin du cinéma : et si Spielberg avait tort ? - Actu Cinema

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En 2013, Steven Spielberg et George Lucas prédisaient la fin du cinéma devant une poignée d’étudiants de l’USC School of Cinematic Arts. Selon les réalisateurs, les grands studios vont se perdre dans la course aux blockbusters, ce qui va forcer les plus petites productions à s’exiler vers les services de VOD (Netflix, Amazon, etc.). Les salles obscures diffuseront alors uniquement quelques gros films ‘événement’ sur l’année, tous rentables pour les studios comme pour les exploitants. Drôle de constat venant de ceux qui ont justement lancé le mouvement des « Summer Movies » avec ‘Jaws’, ‘Indiana Jones’ ou encore ‘Star Wars’. Mais est-ce bien vrai ? Les blockbusters sonnent-ils la mort du cinéma ? Comment régénérer l’intérêt pour les salles obscures ? 

Blockbusters : une science loin d’être exacte ! 

Si il y a bien une part de vérité dans les dires de ces deux savants du cinéma Hollywoodien, force est de constater que plusieurs contre-exemples viennent perturber leur prédiction. À commencer par les résultats des blockbusters qui, chaque année, nous prouvent que la formule est loin d’être une science exacte. Investir plus de 150 millions dans un film ne garanti pas un succès planétaire. ‘La Momie’, ‘Baywatch’, ‘King Arthur’ et ‘Pirates de Caraïbes 5’ sont déjà les grosses déceptions de l’été 2017. Leur point commun : un manque criant d’originalité et une exécution paresseuse qui provoque une déferlante de mauvaises critiques. Quand on paie 9 euros pour sortir de chez soi et s’asseoir deux heures devant un écran alors qu’on pourrait mater une bonne série au lit ou jouer à FIFA, cela ne pardonne pas !

The Lone Ranger fut un désastre en 2013 avec une recette de 83 millions de dollars pour un budget de 215 millions !

Une guerre perdue d’avance ? 

Avec Netflix qui grandit au quotidien, il est normal que les studios s’affolent. L’offre du service est de plus en plus complète et audacieuse. Mais le développement du VOD n’est-il pas justement une opportunité en or pour les producteurs et les salles obscures ? En effet, sortir un film coûte cher son exploitation fait souvent perdre de l’argent au studio comme au gestionnaire de cinéma. Avec 8 à 10 nouvelles productions à l’affiche chaque semaine, il est inévitable qu’une bonne moitié d’entre elles fassent un flop. Dès lors, pourquoi ne pas profiter de l’éclosion du streaming pour réduire le nombre de sorties en salle ? Certaines productions bénéficieraient même davantage d’attention et les risques ainsi que les coûts seraient amoindrit pour toutes les parties.

Réduire le coût des productions

Les films les plus rentables sont rarement ceux qui coûtent le plus cher. Cette année encore, Get Out de Jordan Peele nous prouve qu’avec 4,5 millions de dollars, on peut en rapporter 250 millions. L’ an passé, c’est le film d’action Deadpool qui créa la surprise avec 783 millions de dollars de recettes pour un coût total de 58 millions. Ceci, sans mentionner La La Land qui rapporta près de 450 millions pour une production estimée à 30 millions de dollars. Il n’y a pas photo, le retour sur investissement des petites et moyennes productions est nettement plus intéressant que celui des blockbusters. D’ailleurs, je rappelle au passage que le coût des premiers blockbusters de Spielberg et Lucas avoisinaient les 10 millions de dollars par film, soit 15 à 20 fois moins que ceux d’aujourd’hui !

Split a rapporté 276 millions de dollars pour un budget de 9 millions.

Du coup, est-ce que les studios ne se sont pas un peu emportés avec les blockbusters ? Ne pourraient-ils pas réduire le coût de leurs productions ? En consacrant moins d’argent aux effets spéciaux et artifices très coûteux, ne forceraient-ils pas les équipes a trouver des moyens innovants et efficaces de raconter leurs histoires ? Ne forceraient-ils pas non plus les réalisateurs à se concentrer sur le storytelling et les émotions des spectateurs plutôt que sur le prochain « money shot » qui sera à coup sûr dans la bande-annonce ? Enfin, si les productions sont moins chères, ne pourrait-on pas envisager de réduire sensiblement le prix des tickets afin de ramener plus de monde au cinéma ?

Je sais, j’en demande beaucoup et mes souhaits ne se réaliseront probablement pas. Mais, en tant qu’amoureux du cinéma de divertissement, ça me fait de la peine de voir qu’autant de talent et d’argent est gâché dans une machine qui nous montre ses limites semaine après semaine et qui contribue indéniablement au déclin des salles obscures. Ce n’est pas le VOD qui tue le cinéma, c’est l’esprit corporatiste des studios qui oublient que tout bon gestionnaire se doit de penser pognon et qualité en même temps. Le jour ou Netflix produira son ‘Titanic’, il sera trop tard..

Par Guillaume Henrickx,cinefilm.be

 

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