Woody Allen fait un film par an. Et pour parvenir à une telle production, il faut qu’il y ait un système derrière tout ça. Cela fait des années, par exemple, qu’il a pris l’habitude d’utiliser des classiques afin d’extrapoler et d’y inclure ses propres idées.
Pour Blue Jasmine, c’était Un tramway nommé désir et pour Match Point, Crime et châtiment et Une place au soleil. Dans Irrational Man, Allen repart à nouveau de Crime et châtiment de Dostoïevski, mais mêlé cette fois à Strangers on a Train de Hitchcock. Joaquin Phoenix est un Raskolnikov moderne qui philosophe sur le crime parfait, un caractère somme toute assez proche du personnage principal de Match Point. Mais le Raskolnikov d’Irrational Man évolue rapidement pour se transformer en un Oncle Charlie de L’ombre d’un doute (Shadow of a doubt) d’Hitchcock. En réalité, le nouveau Woody Allen parle surtout d’un homme qui se sent vidé, jusqu’au moment où il découvre le goût du sang. Un thème qui permet à Allen de jouer une carte plus sérieuse. Pas de comédie claire donc, plutôt une histoire dans la même lignée qu’un Match Point (toujours lui), pour ce qui est du ton.
Ceux qui détestent Allen auront à nouveau des problèmes avec ce film, mais Irrational Man est tellement bien écrit que l’on ne peut qu’admirer. Et est-ce vraiment si important de savoir où Woody a été chercher son inspiration?