On ne va pas se menti : It Follows est une vraie claque comme on ne s’en prend que trop rarement dans le genre hyper-balisé du cinéma d’épouvante.
Ce qui fait sa différence: son climat d’angoisse diffuse, entre Carpenter (pour les synthés 80’s onirico-caucherdesques) et Lynch (la mélancolie inquiétante des banlieues américaines désenchantées), une mise en scène formidablement maîtrisée qui choisit rarement la facilité et un souci du cadre et de la lumière qui en font un objet d’une beauté époustouflante (Raah, ce bord de plage éclairé par les phares d’une voiture). It Follows ressemble à un rêve éveillé, un monde sans adultes où les peurs adolescentes prennent dangereusement vie. Si, formellement, It Follows est indubitablement un chef d’œuvre, son scénario met, lui très mal à l’aise: pour se débarrasser d’une entité maléfique qui se transmet via les rapports sexuels, il faut la refiler à quelqu’un d’autre en couchant avec lui/elle.
Ce que tente de faire l’héroïne à qui le spectateur doit s’identifier. Gros malaise. Ce postulat – particulièrement dégueulasse – participe certes à la singularité du film mais constitue néanmoins un bémol éthique qui peut rebuter.