Cette adaptation de la vie de Saint Laurent commençait pourtant bien dans ce lieu intrigant qu’est l’atelier du Maître.
Des mains expertes mais anonymes y donnent vie aux créations qu’il dessine dans un silence sévèrement imposé. Ou comment de banals outils - des ciseaux, des machines à coudre, des fils et des aiguilles - transforment des tissus en objets d’Art. Mais Bonello se détourne rapidement des actes créatifs de ces artisans du luxe. Il préfère mettre en image avec un chic tout parisien ces merveilles de haute couture – pas toujours de manière heureuse d'ailleurs, comme lorsqu'il joue avec un split-screen façon Mondrian aussi creux que ridicule. Si l’on n’en sait pas beaucoup plus sur la biographie de YSL en sortant de cette très longue projection (2h30), ses faiblesses et ses addictions (à l’alcool, au sexe, aux médicaments…) sont, elles, détaillées à l'envi sur fond de propositions psychanalitico-Proust Proust fort prétentieuses. Au rayon des points positifs, il faut pointer la prestation saisissante de Gaspard Ulliel et l’évocation judicieuse de la transformation par Pierre Bergé (Jérémie Renier, parfait en compagnon aimant et ambitieux) d’une vision géniale en une machine de guerre commerciale.
Au final, on s'interroge sur l'intérêt d'aborder la vie de Saint Laurent avec le regard focalisé sur ses dessous pas toujours très chics...