S'il n'y avait qu'une chose à garder de Blue Jasmine, ce serait sans l'ombre d'un doute la performance hallucinante d'une Cate Blanchett toujours le fil, le regard aussi fiévreux que vide, alors que la vie de son personnage s'écroule pan par pan. Woody Allen s'appuie grandement sur elle pour signer un film parfaitement maîtrisé au niveau de la narration, avec des allers et retours permanents entre le passé et le présent, entre faste démesuré et folie pure.
Blue Jasmine démarre alors que la quadra perd d'un coup son immense fortune personnelle et se retrouve à la rue. Elle quitte son New York raffiné et mondain pour San Francisco et s’installe dans le modeste appartement de sa soeur Ginger, afin de remettre de l’ordre dans sa vie. Allen dépeint sa déchéance soudaine tout en proposant sa version de l'affaire Madoff : son ex-mari Hal - Alec Baldwin, évidemment parfait - est un arnaqueur de haute volée qui n'est pas sans rappeler le célèbre escroc.
Autour de seconds rôles inspirés (Louis CK, Sally Hawkins, Bobby Cannavale, Andrew Dice Clay), cette comédie dramatique se construit minutieusement alors que Jasmine découvre la "vraie vie". Sauf qu'on ne pourra que pester devant le manque de mordant d'un Woody Allen à la limite de la paresse et quasi misanthrope. Aucun de ses personnages ne semble trouver grâce à ses yeux et sa critique du système est au mieux faiblarde, au pire totalement cliché ("Ça ne va pas très bien aux États-Unis, on se cherche un peu").
Un petit Allen pour une grande Blanchett, finalement Blue Jasmine ne s'en sort pas si mal.
Blue Jasmine, de Woody Allen, avec Cate Blanchett, Alec Baldwin, Sally Hawkins... Durée : 1h 38. Sortie le 25 septembre 2013.