Detachment - Chronique Cinema

Ce n'est pas une sinécure, aujourd'hui, que de se tenir devant une classe. Mais ce n'est pas non plus une raison pour dépeindre l'enseignement public comme une avant-porte de l'enfer. Au début de 'Detachment', on peut voir une scène qui laisse présumer du meilleur. On y voit comment Henry, un jeune intérimaire en anglais, se retrouve pour la première fois devant sa classe et explique ce qu'il attend des élèves. L'un des garçons de la classe décide de le mettre au défi, et le menace physiquement. La réaction d'Henry donne espoir un en film original et intelligent, une histoire qui, malgré toute la misère, présenterait un début de solution. Mais malheureusement la suite ne tient pas ses promesses. Henry semble être le seul bon Samaritain dans un océan d'incompréhension, d'incompétence, d'amertume et de dépression. Agressés par des élèves qui se permettent tout, et des parents qui n'imposent pas la moindre responsabilité à leur descendance, les professeurs tentent de ne pas perdre pied. Certains avalent des médocs pour ne pas s'impliquer, d'autres ne réagissent simplement pas, d'autres encore sombrent dans le désespoir. Entre temps, le gouvernement ne fait rien pour changer la situation, et le niveau ne cesse de baisser de plus en plus dramatiquement. Voilà une dose de misère suffisante, pourriez-vous croire? Le réalisateur Tony Kaye ne partage pas votre avis. Il y ajoute encore des adolescentes prostituées, des jeunes suicidaires, de la maltraitance d'enfants et de l'inceste, un cocktail hystérique qui devient au final impossible à avaler. (RN)