La conquête: tout Cannes en parle! - Actu Cinema

 
Le film de Xavier Durringer sera projeté à Cannes le 18 mai, jour de sa sortie en salles. Personnifier le président en place est une première dans le cinéma français. D'où buzz. Tenu secret, le film intrigue en plus haut lieu. L'acteur Denis Podalydès affirme : aucune pression de l'Elysée. Sarko sur la Croisette ! C'est le buzz du Festival de Cannes 2011. Voilà que Monsieur détrône Madame, Carla Bruni-Sarkozy faisant une apparition dans Midnight express, de Woody Allen, le film d'ouverture. On se demande d'ailleurs si elle montera les marches ou pas. Peut-être que oui, peut-être que non pour cause d'agenda surchargé, a-t-elle confié à nos confrères du Parisien, il y a quelques jours. Mais c'est La conquête, de Xavier Durringer, projeté en séance spéciale le 18 mai, jour de sa sortie en salles en France et en Belgique, qui fait couler beaucoup d'encre. Tout le monde en parle sans l'avoir vu et tout le monde va parler après l'avoir vu ! Chaque année, à Cannes, les producteurs du monde entier rêvent d'avoir LE film qui va focaliser toutes les rumeurs, envies, curiosités, sollicitations. Pourquoi ce film crée-t-il le buzz ? Car il s'agit de la première fiction française sur un homme politique en exercice, en l'occurrence le politique des politiques français, le président Nicolas Sarkozy. Audace de l'entreprise ! Verdict le 18 mai avec Denis Podalydès, sociétaire à La Comédie Française, dans le rôle-titre. En février, l'acteur jouait La tragédie du roi Richard II au Théâtre de la Place à Liège et nous confiait qu'un homme de pouvoir joue forcément. On a saisi l'occasion de lui poser quelques questions sur ce qui devient le rôle marquant de sa carrière. Fatalement, pour lui, il y aura un avant et un après-Sarkozy. Pas sur le plan qualitatif car il a déjà incarné avec talent bien des rois et princes au théâtre. Mais sur le plan médiatique. Jusqu'ici, au ciné, il enchaînait les seconds rôles, notamment dans les films de son frère, Bruno. Là, il est en première ligne, immanquablement. Comment définiriez-vous votre personnage Nicolas Sarkozy ? Sarkozy, c'est purement un homme d'actions, de coups d'éclat. Il se façonne pour le pouvoir, il se construit une légitimité. Il attaque, mord, tue. J'ai essayé de donner cette dimension animale. Il a aussi beaucoup d'humour et de légèreté. Il a un charme incroyable - toutes les personnes qui l'ont rencontré me l'ont témoigné - et une intelligence extrême. Il est très drôle, toujours beaucoup plus intelligent qu'on ne le croit. Il a une capacité de synthèse incroyable. Il saisit très bien la personne à qui il a affaire. C'est une vraie bête politique. C'est une personnalité hors du commun. J'ai essayé de rendre compte de cet humour, de cette violence, de ce mélange de juvénilité et de danger qui émane de lui. Sarkozy doit prouver qu'il est capable d'être élu grâce à cette marche forcée éprouvante et séduisante qu'est une campagne électorale. Mais la France est un pays jacobin, centralisateur avec un président qui croit pouvoir tout détenir et tout transformer. On est obsédé par ça ! L'illusion, déjà dénoncée par Shakespeare, c'est de croire qu'un homme peut incarner le pouvoir dans sa chair. Or le pouvoir n'est pas un homme ! En accédant au pouvoir, Sarkozy croit que sa position d'homme va changer par la force de son énergie. C'est un homme qui croit totalement à la puissance de son énergie. Il croit que rien ne peut résister à la conviction d'un homme. Là est, je crois, l'illusion. Comment donner vie à quelqu'un dont l'image est publique, omniprésente et incontournable ? En premier lieu, j'ai essayé de ne pas me dire que j'avais mon idée de Sarkozy. J'ai mangé un nombre d'images jusqu'à l'indigestion. J'ai vu des heures et des heures d'émissions de télévision, de reportages. J'ai vu Sarkozy sous tous les angles. J'ai écouté en boucle des émissions, des discours politiques, des choses pas toujours divertissantes pour que la voix soit présente tout le temps. Et ce pour que le personnage infuse sans trop de volontarisme. Petit à petit, le travail d'assimilation s'est fait. La voix, le rythme de parole changent pour trouver une certaine fréquence de sa voix qui est très étrange, entre le léger et le grave. C'est une voix très juvénile avec, par moments, des accents très durs, très violents. Comment éviter le piège de la caricature quand on est face à un tel personnage ? Par la quantité de documents assimilée et le fait de le voir dans des choses pas nécessairement connues de lui. En tout cas, je l'espère. Cela dit, quand on est acteur, on n'est pas maître du film. Il y a peut-être des choses qui m'échappent. Mais la volonté n'était pas du tout d'être dans la caricature. Je n'ai aucune envie de juger le personnage dans le jeu. Ma façon de le jouer est, j'espère, tout sauf une caricature ou la preuve d'un jugement négatif ou positif si j'étais de son camp. Ce n'est pas du tout ça. Ce que je veux, c'est rendre le personnage vivant dans la fiction. Le film de Durringer n'est pas un documentaire. Car concernant toutes les parties intimes, on n'avait pas de documents mais on savait sa relation avec Cécilia. Je ne prétends pas rendre compte intégralement de Nicolas Sarkozy. C'est une interprétation du personnage. Comment définiriez-vous le film de Xavier Durringer ? C'est une fiction sur l'ascension au pouvoir de Sarkozy. L'Elysée est-il intervenu ? À aucun moment. Jamais. On a travaillé dans une liberté totale à tous les niveaux : écriture, préparation, tournage. La présidence de la République n'est jamais intervenue. Je sais pourquoi. Sarkozy a ce principe : en France, les artistes sont libres. C'est un calcul très intelligent. Il sait qu'il aurait dix fois plus à perdre à ce qu'on sache que l'Elysée est intervenu. Il vaut mieux être critiqué par un film plutôt que d'apprendre qu'on a essayé de le censurer. Sarkozy est toujours soupçonné d'intervenir partout. Ce qu'il fait mais qu'il n'a pas du tout fait dans ce domaine. Le fait que Xavier Durringer soit aussi un homme de théâtre est-il intervenu dans votre envie de participer au film ? Ça a compté. J'aimais l'idée que le film soit réalisé par lui. Le scénario, surtout, m'avait beaucoup plu. Et le personnage, j'en avais très envie. Cela faisait longtemps que je rêvais de faire un film sur la vie politique française. C'est une mine encore peu explorée. Savez-vous pourquoi ? La France est un état jacobin. Les gens ne se sentent pas libres. Ils ont peur, ils pensent que de parler de tels sujets va leur jouer des tours, qu'ils vont être censurés, qu'ils auront du mal à faire d'autres films. Or, nous, on a eu une liberté totale. Avec un tel film, vous accédez à une visibilité d'un autre niveau et des médias qui ne se sont jamais préoccupés de votre parcours vont vous solliciter. Dans quel état cela vous met-il ? Plutôt dans un état d'esprit à me cacher. Comme tout acteur, j'ai le goût de la lumière, de la popularité. C'est la pulsion même de ce métier. Mais cette espèce de célébrité frénétique qu'imposent les médias, je la déteste. Cela me fait peur. Tout à coup, on vous oblige à aller devant des médias et vous avez l'impression que vous allez passer votre temps à ça ! J'appréhende un peu la sortie du film de ce côté-là. Ce qui va me protéger : je suis en tournée théâtrale. Ce cirque médiatique, Sarkozy, lui, ne le craignait pas du tout. Même si aujourd'hui, il le déteste, il le méprise... C'est très curieux : il a une sorte de haine du monde journalistique, qu'il a pourtant lui-même tellement sollicité. Parce qu'il en a été le prisonnier ? Il s'est lui-même mis dans cette cage.
 

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