Je m’appelle Margot Maris. J’ai 22 ans et je suis en master de journalisme à la Vrije Universiteit Brussel. Avant cela, j’ai étudié la langue et la littérature et je me suis spécialisée dans l’intermédialité, un domaine dans lequel je pouvais rassembler toutes mes passions — la musique, le théâtre et le cinéma. J’ai également effectué un stage à la rédaction culturelle de la station de radio Klara.
Depuis toujours, je suis passionnée par tout ce qui touche à la culture et aux médias. C’est quelque chose qui m’a été transmis dès l’enfance. Des vieux films cultes à l’album le plus récent de Taylor Swift, en passant par le dernier single de Bon Iver ou la série à succès du moment sur Netflix — il y a de fortes chances que je les aie déjà vus ou écoutés, et que je puisse t’en raconter des anecdotes amusantes. Tant qu’il y a une bonne histoire derrière, cela m’intéresse.
Je ne me suis jamais vraiment beaucoup intéressée à la religion. Enfant, j’ai bien fait ma communion, mais, comme beaucoup de personnes de ma génération, je dois avouer que j’étais surtout heureuse pour les cadeaux et que je ne réfléchissais pas beaucoup à ce que le christianisme signifiait pour moi. Ne me demande surtout rien sur les fêtes catholiques ou sur le pape : à la grande déception de mes grands-parents croyants, mes connaissances sont très limitées.
Jusqu’à ce que je voie The Two Popes. Le film biographique de 2019 m’a énormément appris sur la papauté et la foi catholique — et d’une manière tout simplement magnifique.
Une vision intime
Nous sommes en 2012. Le pape Benoît XVI est au centre de la tempête à cause du scandale des « Vatileaks ». De plus en plus de témoignages sur les abus commis par des membres du clergé voient le jour, et l’Église semble avoir tenté de les étouffer.
Le cardinal Bergoglio est troublé par cette situation et cherche à rencontrer Benoît XVI pour le convaincre d’accepter sa démission d’archevêque. Mais le pape, de son côté, songe lui-même à abdiquer, sans pouvoir encore s’y résoudre. Malgré leurs visions opposées, il croit que Bergoglio serait un successeur digne de ce rôle.
Avec The Two Popes, le scénariste Anthony McCarten a su écrire un script d’une simplicité touchante qui parle à tout le monde — croyant ou athée. C’est l’humanité qui triomphe dans ce film. McCarten s’est inspiré de sa propre pièce de théâtre, The Pope, et cela se ressent : la proximité et l’intimité propres au théâtre y sont palpables.
Les dialogues entre Sir Anthony Hopkins (pape Benoît XVI) et Sir Jonathan Pryce (cardinal Bergoglio) regorgent d’une hilarité polie, mais c’est surtout le regard intime que McCarten et le réalisateur Fernando Meirelles posent sur ces deux grandes figures qui suscite respect et empathie.
Aucun des deux hommes n’est présenté comme parfait. Leurs idéologies contradictoires donnent lieu à des débats à la fois philosophiques, inspirants et souvent drôles grâce à de fines touches d’humour.
Les mots de McCarten révèlent un immense talent d’écriture, et les deux acteurs livrent des interprétations bouleversantes, capables d’émouvoir même le spectateur le plus sceptique. Leur chimie et leur expérience les rendent indissociables : ils se répondent avec une fluidité telle qu’on a du mal à croire qu’ils n’avaient plus collaboré depuis 1992, lorsque Hopkins dirigeait Pryce dans une mise en scène théâtrale.
Ils sont les partenaires de jeu parfaits : Benoît XVI jouant du piano pour Bergoglio, Bergoglio apprenant au pape à danser le tango avant son départ… Leur lien est tout simplement attendrissant. Avec des dialogues que n’importe quel acteur rêverait de prononcer, Hopkins et Pryce brillent et rappellent pourquoi ils sont des piliers du théâtre, du cinéma et de la télévision.
La simplicité
Le langage visuel choisi par Fernando Meirelles et le directeur de la photographie César Charlone est magnifique dans sa sobriété. Les plans, volontairement simples, donnent au film une dimension quasi documentaire. On a l’impression d’assister à la vie réelle, sans filtres colorés ni effets de lumière excessifs.
Puisqu’il s’agit d’un récit basé sur des faits réels, le réalisateur a choisi de ne tourner en noir et blanc que les flashbacks relatant la jeunesse de Jorge Bergoglio, avant qu’il ne se consacre à Dieu — leur conférant une certaine gravité.
L’intégration d’images d’archives, d’interviews et d’extraits de journaux télévisés (comme ceux des élections du pape Benoît XVI ou des fuites du Vatican) renforce encore la tension et l’ancrage dans la réalité.
Même si le film romance certains passages et comble les zones d’ombre à sa manière, il reste fidèle à l’esprit des faits réels. Certaines reconstitutions, comme celle de la renonciation officielle de Benoît XVI, sont d’un réalisme si saisissant qu’elles nous transportent littéralement dans le moment.
La musique composée par Bryce Dessner (du groupe The National, avec son frère jumeau) accompagne le film avec un contraste subtil qui en fait un complément idéal.
Au final, on assiste à la fin du pontificat de Benoît XVI — son adieu au monde — et à la montée inévitable de Bergoglio en tant que pape François, fidèle à son choix d’un mode de vie modeste et simple, loin du faste de ses prédécesseurs.
Et même si la scène finale n’est sans doute pas vraie (le pape François a déclaré ne plus regarder la télévision depuis les années 1990), elle illustre parfaitement à quel point ces deux papes étaient, avant tout, des hommes.
Deux hommes qui, comme tout le monde, ne finissent par se comprendre vraiment que lorsqu’ils sont assis ensemble devant la télévision, regardant un match de Coupe du monde.
Écrit par Margot Maris
