Et si l'amour ne devait plus faire mal ? C'est à cette question que répond le tout nouveau thriller de science-fiction "Companion". Les créateurs de "The Notebook" (2004) et de "Barbarian" (2022), ainsi que le réalisateur Drew Hancock, proposent un nouveau type d'histoire d'amour en nous présentant des robots compagnons. Ceux-ci sont engagés en cas de manque d'affection et d'intimité, ou simplement en cas de grande solitude. Ils sont faciles à mettre en place et créent rapidement un lien affectif. Ce lien permet au robot compagnon de tout faire pour la personne avec laquelle il a été créé. Il existe cependant une règle : ne jamais dire à un robot qu'il est un robot.
Rien n'est ce qu'il semble être
Nous rencontrons le couple Iris et Josh, interprété par Sophie Thatcher et Jack Quaid. Iris est un robot de compagnie qui se prend pour un humain. Ensemble, ils se rendent à un week-end amusant avec des amis. Une fois arrivés, ils remarquent une tension sous-jacente dans le groupe. La seule à ne pas s'en rendre compte est Iris, car elle est programmée pour ne pas poser trop de questions. Lorsque Josh dit que tout va bien, c'est le cas. Il semble qu'ils soient follement amoureux, mais des motifs obscurs se cachent derrière leur relation. Au fil du week-end, Iris devient de plus en plus la proie d'un jeu de pouvoir avide.
Ce jeu de pouvoir prend une autre dimension lorsqu'Iris découvre qu'elle est un robot. Il s'ensuit une série d'événements irréversibles qui la forcent à se libérer de son amour pour Josh. Mais la laissera-t-il partir ?
Une dystopie moderne
Tout bon film de science-fiction entraîne le spectateur dans une dystopie futuriste. C'est également le cas de "Companion". Les gens sont devenus tellement dépendants de la technologie qu'ils sont insensibles à l'authenticité, mais manquent surtout d'humanité. Ce qui est innovant, c'est que ces règles sont réécrites avec le personnage d'Iris. Nous constatons que, bien qu'elle soit entièrement programmée par Josh, elle a une conscience de soi. Cela contraste fortement avec ce qui l'entoure. Les gens ont complètement perdu leur sens moral, mais Iris est inébranlable dans sa recherche de sentiments authentiques. Sophie Thatcher dépeint cette quête parfois difficile de manière tellement crédible et vulnérable, que le spectateur ne peut qu'acclamer sa victoire.
En revanche, la performance de Jack Quaid montre le pouvoir et le contrôle que nous avons en tant qu'êtres humains. Les tendances obsessionnelles de Josh à vouloir contrôler Iris ont pour revers de commettre une erreur très humaine : faire aveuglément confiance à ses propres capacités. Ainsi, il tombe directement dans son propre piège et la dystopie ne semble plus du tout éloignée. Au contraire, nous sommes en plein dedans.
Un thriller qui révèle les peurs sous-jacentes
"Companion" est un aperçu du cauchemar que pourrait devenir l'humanité si nous laissions la technologie contrôler entièrement nos vies. Sa plus grande force réside donc dans cette pertinence parachevée par une bonne dose d'humour : les discussions un peu trop reconnaissables, les dialogues écrits avec acuité, les relations ratées. Le réalisateur Drew Hancock détourne ainsi les rôles de l'homme et du robot, en quelque sorte, pour nous donner une version magnifiée de la société contemporaine. Il prouve qu'il est temps de prendre nos responsabilités en tant que société et de repartir à la recherche de notre humanité, tant sur le plan personnel que professionnel, avant qu'il ne soit trop tard.
Cinenews-journaliste: Federica Alexakis