Dans Heretic, Hugh Grant incarne le sinistre théologien Mr. Reed, qui vit isolé dans une maison reculée. Il invite deux jeunes filles mormones à prendre le thé, mais derrière sa façade amicale se cache un jeu macabre. Très vite, il exploite leur foi pour les entraîner toujours plus profondément dans sa maison, leur promettant que la vérité ultime sur la religion s’y trouve. Mais peut-on réellement le croire ?
Faire la promotion de films avec un seul gros plan de personnage semble être une tendance. Cette année, Speak No Evil l’a fait avec James McAvoy, Clint Eastwood a choisi Nicholas Hoult pour Juror #2, et ce mois-ci, Hugh Grant devient le visage de l’affiche du thriller horrifique religieux Heretic. C’est aussi la première fois que l’élégant Don Juan britannique s’aventure dans un pur film d’horreur.
Entre comédie et mégalomanie
Heretic alterne de façon maniaque entre humour et frissons. Le film s’ouvre sur une discussion légère entre deux jeunes filles mormones assises sur un banc marqué de l’inscription « Who says size doesn’t matter? ». Cette légèreté cède rapidement la place à l’effroi lorsqu’elles frappent à la porte de la maison isolée de Mr. Reed.
Ce dernier joue un jeu cruel tout en donnant une leçon accélérée sur l’histoire des grandes religions. Ce qui aurait pu être ennuyeux dans d’autres mains devient fascinant grâce à la prestation de Grant. Exit le séducteur au grand cœur : ici, il campe un intellectuel persuasif et charismatique. Malgré l’évidence de ses sombres intentions, on se surprend à vouloir l’écouter encore et encore.
Grant abandonne son image de prince charmant pour dévoiler une facette inédite, rafraîchissante et inquiétante. Tantôt joueur, tantôt terrifiant, il chante « I’m a creep, I’m a weirdo… » avant de hurler d’un ton glaçant : « What the hell am I doing here?! ». Nous sommes loin de l’acteur qui, en interview, déclarait sa passion pour Paddington 2 (2017).
Une œuvre fouillée
Le plus effrayant dans Heretic n’est peut-être pas l’horreur explicite, mais la logique implacable des arguments de Mr. Reed. Ses discours théologiques ne sortent pas de nulle part : l’équipe du film a mené des recherches approfondies pour ancrer ce récit dans des bases solides.
Cette précision suscite la curiosité : quel est le véritable but du jeu dérangé de Mr. Reed ? Même les spectateurs peu amateurs de films d’horreur regardent entre leurs doigts, captivés par l’intrigue. Et peut-être apprenons-nous tous quelque chose en attendant le prochain rebondissement terrifiant.
Hugh Grant a lui-même étudié différentes religions et le profil de serial killers pour s’approprier son rôle. Ses partenaires à l’écran, Sophie Thatcher et Chloe East, livrent des performances nuancées, enrichies par leur propre expérience au sein d’une communauté mormone. Ce niveau de détail montre que Heretic n’a pas été conçu à la légère.
Une horreur accessible
Heureusement, aucune connaissance préalable de la religion mormone n’est requise pour apprécier Heretic. Mr. Reed se chargera de tout expliquer, avec une inquiétante élégance, souvent en agrippant un couteau de cuisine. Avant tout, Heretic est un film d’horreur captivant. Au pire, il ne vous fera pas peur, mais il vous fera réfléchir. Et peut-être que c’est là ce qui effraie le plus.