Dès Joint Security Area en 2000, premier film à ne pas présenter les deux Corées comme ennemies, Park Chan-Wook s'impose comme un réalisateur de premier plan et un grand amateur de scénarios inattendus, voire même transgressifs. C'est son adaptation très personnelle et très violente du manga japonais Old Boy en 2003, Lauréat du Grand Prix au 57ème Festival de Cannes, qui le fait connaître sur la scène internationale. En 2016, il étonne une fois de plus le monde du cinéma avec Mademoiselle, fresque historique (et érotique) minutieuse doublée d'une intrigue criminelle retorse.
Decision to Leave est pour le cinéma de Park Chan-Wook un retour à l'époque contemporaine. Cette fois, ce sont les codes du thriller romantique que le Sud-Coréen se plaît à explorer et, bien entendu, quelque peu détourner. Un homme meurt en tombant d'une montagne. Sa veuve, bien que blanchie par un alibi solide, est suspectée de l'avoir poussé. L'inspecteur de police en charge de l'enquête est intrigué mais aussi séduit par cette femme mystérieuse. Elle-même semble attirée par le policier. Mais est-ce l'amour naissant ou de la manipulation très réfléchie ? Sur cette base simple, Park Chan-Wook promène le spectateur dans un labyrinthe sensuel, sentimental et complexe. L'humour, souvent absurde, est également au rendez-vous. « Avec Decision to Leave, je voulais réaliser un film susceptible de séduire le spectateur et le captiver de manière progressive et quasi imperceptible », a déclaré à la presse le réalisateur, qui laisse donc ici de côté son attirance pour la transgression et la violence et entend plutôt rendre hommage, à sa façon, à l'un de ses maîtres : Alfred Hitchcock.
Park Chan-Wook ne retient pas du Maître du Suspense que son attrait pour les femmes mystérieuses et les intrigues à tiroirs. Tout comme Hitchcock, il soigne aussi particulièrement l'esthétique, le rythme et le montage de ses films et tout spécialement celui-ci... Récompensé à Cannes du Prix de la Mise en Scène, Decision To Leave n'est en effet pas qu'un thriller prenant et sentimental, c'est aussi un véritable festin pour les yeux, déjà considéré comme l'un des films les mieux photographiés de ces dernières années. Après les succès de « Parasite » en 2019 (Palme d’Or à Cannes et Oscar du Meilleur Film) et « Squid Game » en 2021 (la série qui a battu tous les records d’audience sur Netflix), le cinéma coréen marquera donc très certainement à nouveau l’année 2022 avec ce film original et fascinant, qui voyage entre mer et montagne, ville et campagne, présent et passé, douceur et tensions.
In the mood for love.
And, maybe, murder.