Mostra de Venise 2020 : Jours 4 & 5 - Actu Cinema

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Après une intense troisième journée, place à la quatrième qui proposait un programme on ne peut plus alléchant.

Premier film du jour, le très attendu par la presse franco-belge MANDIBULES de Quentin Dupieux dont vous pouvez lire notre critique complète ici. On ne présente plus le cinéma surréaliste, décalé, loufoque de Dupieux. Il a écrit les rôles principaux en pendant à David Marsais et Grégoire Ludig, le duo du Palmashow. Ils incarnent deux types qui vont trouver dans leur coffre de voiture une mouche géante. Plutôt que de continuer la mission pour laquelle ils ont été engagés, ils vont décider d’utiliser la mouche afin de se faire un max de thune. Il va sans dire que le duo principal est parfait. Marsais et Ludig se connaissent par coeurvu le temps depuis lequel ils travaillent ensemble et leur univers était fait pour rencontrer celui de Dupieux. Avec en plus India Hair, le premier rôle au cinéma de Roméo Elvis et un rôle complètement à contre-emploi d’Adèle Exarchopoulos (peut-être même son meilleur), on peut dire que le résultat est à la hauteur des attentes. Avec MANDIBULES, Dupieux signe l’un de ses films les plus drôles et sans doute l’un de ses meilleurs films tout simplement.

Place ensuite à la coproduction belgo-italienne MISS MARX. Le film raconte l’histoire d’Eleanor Marx, fille de Karl. Elle sera l’une des premières à lier le féminisme au socialisme et aussi se battre pour améliorer les conditions de travail des femmes et abolir le travail des enfants. En parallèle, elle va rencontrer son mari, le dramaturge Edward Aveling, homme ayant des difficultés à gérer son argent et, avec qui la relation sera autant heureuse que tragique.

Susanna Nicchiarelli, la réalisatrice, a voulu faire un film féministe un peu neuf, un peu punk. Malgré le fait que tout se déroule à la fin du XIXe siècle, Nicchiarelli a choisi une bande son très punk, en contraste total avec son époque. Ce choix est plutôt bien vu pour appuyer le propos du film mais ce n’est pas toujours bien exploité, les choix n’étant pas systématiquement assez radicaux ou efficaces. Ce manque de radicalité est dommage car, du coup, l’ennui l’emporte petit à petit et ni Romola Garai (Eleanor Marx), excellente, ni le reste du casting n’arrivent à contrebalancer ce manque de peps.

Cette Mostra de Venise signe aussi le retour de Gia Coppola, petite fille de Francis Ford, qui signe son second long-métrage, MAINSTREAM, quelques années après son premier PALO ALTO. Ce film présenté dans la section Orrizonti aborde la problématique des réseaux sociaux via le prisme d’un type fauché qui va devenir une star de YouTube. MAINSTREAM montre l’hypocrisie des réseaux sociaux, les contradictions de chacun, les artifices et l’enjolivement de chacun, le côté éphémère et immédiat des choses, cette envie de montrer que notre vie est meilleure que ce qu’elle n’est, ou meilleure que celle des autres en tout cas. Le sujet n’est pas neuf, on en voit depuis un moment, depuis l’explosion de cette problématique mais il n’empêche que ce que montre Gia Coppola fait mouche. Cela tient surtout grâce aux personnages, celui interprété par Andrew Garfield en tête. Il incarne donc Link, ce type fauché qui ne fait pas grand-chose de sa vie et va devenir une star du net grâce à la rencontre avec Frankie, incarnée par Maya Hawke (fille d’Ethan Hawke et Uma Thurman). Bref, s’il n’est pas parfait et bien qu’il ne soit pas singulier dans son sujet traité, MAINSTREAM s’en sort toutefois avec les honneurs grâce à la qualité de son exécution.

Toujours en Orrizonti, on a également découvert LA TROISIEME GUERRE, un premier film de Giovanni Aloi. On y suit des soldats français participant à la mission Vigipirate dans les rues parisienne. On y découvre leur quotidien, leur vie en caserne, les alertes – vraies et fausses – auxquelles ils font face et doivent répondre. Chacun a sa vision des choses sur son métier, sur l’utilité de leur mission dès lors, chaque vision se confronte. En tant que spectateur, on découvre cela au travers d’une jeune recrue dont c’est la première affectation comme soldat. Il a des idées déjà bien arrêtées autant dire qu’il va parfois mener la vie dure à ses collègues. Le film est porté par un trio solide composé de Leila Bekhti, Karim Leklou et Anthony Bajon, la révélation du film LA PRIERE de Cédric Kahn. L’ensemble n’est pas trop mal mais est parfois plombé par certains choix bizarres des personnages et certaines idées de mise en scène. Il n’empêche que le casting est au top et livre une solide prestation.

Vous pourrez retrouver prochainement notre interview avec le réalisateur Giovanni Aloi ainsi que les comédiens Karim Leklou et Anthony Bajon.

La journée s’est terminée avec, une fois n’est pas coutume, un court-métrage. Luca Guadagnino a deux œuvres au festival cette année. En préambule de son documentaire consacré à Salvatore Ferragamo, SHOEMAKER OF DREAMS, il a présenté FIORI, FIORI, FIORI, court-métrage tourné en mai dernier. En douze minutes, il tente de montrer les conséquences de la pandémie sur ses proches et sur ses projets. L’exercice est vain, sans intérêt aucun et pose sérieusement question, un peu comme la filmographie de Guadagnino de manière générale.

Le lendemain, place à THE WORLD TO COME, drame mettant en scène Katherine Waterston et ... Vanessa Kirby, encore elle ! C'est incontestablement l'actrice de cette Mostra 2020. Elles incarnent deux femmes du XIXe qui vont tomber amoureuses l'une de l'autre alors que leur couple à chacune vit une période difficile. Que ce soit la choix de tourner en pellicule, la photographie, la mise en scène ou le casting, tout dans ce film nous a fait fort impression. Sa lenteur en rebutera plus d'un mais Mona Fastvold livre une oeuvre solide qui ravira les amateurs du genre.

Ensuite, ce fut au tour du film tunisien THE MAN WHO SOLD HIS SKIN. Cette coproduction belgo-tunisienne a été en partie tourné chez nous. Elle a été inspirée par les cochons tatoués, oeuvre de Wim Delvoye qui a fait polémique il y a quelques années. En effet, il est question ici d'un tatouage sur le dos d'un réfugié syrien qui sera exposé dans différents musées. L'homme devient un tableau, au sens strict du terme. Dès lors, en termes juridiques et moraux, comment gérer pareille situation. Kahouter Ben Hania signe une oeuvre singulière dans un style bien différent de celui de son précédent film LA BELLE ET LA MEUTE. Si tout le monde n'adhèrera pas au propos, on peut tout de même saluer son originalité et sa radicalité.

Après la réalisation de plusieurs interviews évoquées plus haut, la journée s'est clôturée par la projection du film polonais NEVER GONNA SNOW AGAIN, film présentant Zhenia, un masseur exerçant dans un quartier privé forcément riche. Ses talents de masseur et d'hypnotiseur vont faire des ravages auprès des habitants car ils semblent les guérir d'une tristesse intérieure. C'est forcément singulier, c'est très esthétisant, si bien qu'on dirait parfois être devant une pub de parfum, et c'est emmené par le fantastique Alec Utgoff, acteur ukrainien vu ces dernières années dans quelques blockbusters américains et dans la dernière saison de STRANGER THINGS. 

 

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