Venise 2019 - Ema - Actu Cinema

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Pablo Larraín est un réalisateur suivi depuis maintenant un moment. Il s’est fait repéré sur la scène internationale grâce à NO, sa première collaboration avec le mexicain Gael García Bernal. Depuis, il enchaine les grands festivals avec ses films comme EL CLUB, NERUDA ou encore, son avant-dernier, JACKIE. EMA, qui a déjà été acheté par Netflix pour de nombreux territoires, est présenté en compétition à la 76e Mostra de Venise, lieu où Larraín est déjà venu auparavant. 
 

Ema est le nom d’une jeune danseuse qui est dans une situation terrible. Avec son mari Gastón, elle a rendu l’enfant qu’ils avaient adopté aux services sociaux. Cela déchire le couple qui était pourtant sur la même longueur d’ondes. Leur vie, c’est d’être ensemble en permanence. Elle est danseuse, il est chorégraphe de la compagnie. Cette vie commune, malgré l’amour pur qui les lie, aura eu raison d’eux. Ils s’aiment mais se détestent aussi. Il n’hésitent pas à  se dire les pires horreurs l’un à l’autre. Cet enfant, ça les rapprochait, ça les déchire. Leur amour sera-t-il le plus fort ?
 
Ça, c’est l’histoire dans sa trame principale car, en réalité, c’est plus complexe, avec plus de personnages qui vont jouer des rôles essentiels en s’immisçant dans le couple. Dans les moments bas de son mariage avec Gastón, Ema va s’amuser autant qu’elle le peut. Tantôt avec des femmes, tantôt avec des hommes.  Ema est une personne qui n’aime pas se tenir à des règles. Elle aime faire ce qu’elle désire et n’hésite pas à user de sa liberté, que ce soit artistique ou non. Elle va manipuler quelques personnes de son entourage pour arriver à ses fins. A force de jouer avec le feu, on se brûle.
 
La mise en scène de Pablo Larraín est très stylisée. Elle ne l’a jamais été autant d’ailleurs. Il s’amuse quand il est question de filmer des chorégraphies ou des plans iconiques, comme ceux où Emma tient un lance-flammes par exemple. Larraín a un talent dingue de metteur en scène. Il suffit de repenser à certains plans de JACKIE pour s’en convaincre. A l’ère contemporaine, une première pour lui qui a l’habitude de filmer le passé, il se fait plaisir avec des techniques plus modernes et des tons de couleurs qu’il ne pouvait utiliser auparavant. Tout cela confère à EMA un côté clipesque pas désagréable.
 
EMA est un film qui va cliver ou, en tout cas, va laisser des gens sur le carreau ou perplexes. Beaucoup de spectateurs ne rentreront pas dans le délire du chilien et, ceux qui prendront le risque de se laisser bercer ne seront pas convaincus forcément. C’est un film difficile, qui s’éternise un peu trop sur certains passages et n’est pas toujours clair dans ses intentions. Il peut même sembler prétentieux ce qui, connaissant Larraín, n’est guère surprenant. Cependant, quiconque tentera l’expérience jusqu’à son terme se verra récompensé par une fin qui met tout le monde d’accord, même les détracteurs. 
 
Pour son duo de comédiens principaux, Larraín s’est attaché pour la troisième fois les services du mexicain Gael Garía Bernal, toujours aussi impeccable et trop rares dans nos salles. Mais le titre c’est Ema, pas Gastón. Dès lors, c’est Mariana Di Girolamo la véritable star et révélation du film. Elle invite les spectateurs dans le trip de son metteur en scène et la folie de son personnage avec une certaine grâce. C’est une comédienne qu’on espère ne plus voir cantonnée à des séries locales mais bien voir exploser dans le cinéma international. 
 
EMA va diviser, bien plus que n’importe quel autre film de son metteur en scène Pablo Larraín. C’est une oeuvre perturbante qui peut sembler vide ou vaine mais qui est plus riche qu’il n’y parait. La liberté dont Ema bénéficie est salvatrice, tant pour les personnages que les spectateurs. Laissez-vous tenter par l’expérience et, même si vous n’êtes pas convaincus, il vous restera à l’esprit, vous invitant à le revoir et y succomber. 
 

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