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Pauline, infirmière à domicile dans le nord de la France, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père malade, ancien métallurgiste. Sociable et généreuse, Pauline est appréciée de tous et surtout de ses patients. Profitant de sa popularité, un parti extrémiste va lui proposer de devenir sa candidate aux prochaines élections municipales.
Lucas Belvaux (38 témoins, Rapt, Pas son genre) décortique dans ce drame glaçant le processus de séduction d'un parti qui profite de la misère sociale des gens et au-delà les efforts qu'il fournit pour arracher les racines encombrantes de sa propre histoire. Une nouvelle appellation, un changement de tête d'affiche et le passé est gommé. Le cinéaste insère son propos dans la grande Histoire. Le film débute par la récolte d'un fermier qui amasse les obus cachés dans son champ, comme des traces indéfectibles de la seconde Guerre Mondiale.
Lucas Belvaux ancre son récit dans la France profonde, le nord, dont le coeur penchait à gauche depuis longtemps. Les maisons industrielles de briques rouges au milieu des terrils sont le lieu de travail de la généreuse et dévouée Pauline, joli rôle de femme tout en nuances pour Emilie Dequenne. Infirmière, mère de famille célibataire, la jeune femme est dévouée à son travail et aux autres. C'est un personnage intéressant et complexe qui va glisser dans un univers qui la dépasse. Dans sa vie, Pauline rencontre toutes sortes de gens et ne s’intéresse pas à la politique. Son médecin, Le docteur Philippe Berthier, André Dussolier, médecin respectable, va l’approcher pour lui proposer une carrière politique en tant que maire. Catherine Jacob, blonde, impressionnante en Agnès Dorgelle, présidente charismatique de parti, l’approchera elle aussi. Stanko, Guillaume Gouix, dont le visage semble témoigner d'un lourd passé d'épreuves traversées, incarne l’amour d’adolescence retrouvé, prometteur et plein de surprise. Anne Marivin surprend en copine décomplexée, qui se défait des frustrations de sa vie et va dit-elle, « tous les niquer !» grâce à l’élection de son amie Pauline au conseil municipal. Cette femme incarne toutes les personnes excédées, décomplexées qui assument dorénavant ce qui était un parti honteux vu son passif, mais qu’elles n’ont plus peur de soutenir officiellement. C’est le grand glissement que nous montre le film.
On sort de ce film bouleversé. Lucas Belvaux nous rappelle intelligemment que la haine attise la haine et ce film citoyen fait froid dans le dos tant il replace les éléments dans leur contexte. Historiquement raciste le parti se renouvelle et efface toutes les traces de ce qui pourrait le lier de près ou de loin à son passé sulfureux : son nom, son représentant, s'accommodant ainsi d'une nouvelle image plus lisse, tel un caméléon.
