Le Ciel Flamand : déséquilibre familial sur fond de maison close - Actu Cinema

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Le Ciel Flamand, c’est un bordel sur le bord d’une route dans la zone frontalière entre la Flandre-Occidentale et la France. Trois générations de femmes vivent ici. Monique exploite l’établissement avec sa fille Sylvie. Eline, six ans, la fille de Sylvie, est fascinée par ce lieu qui lui est constamment interdit. Un événement viendra ébranler les certitudes et mettre les liens familiaux à rude épreuve.

Le Ciel Flamand est une pépite. C’est à la fois un un drame extrêmement bien réalisé, un vrai film d’auteur et d’ambiance qui tend vers le thriller. C’est le second long-métrage de Peter Monsaert après Offline, cinéaste et scénariste dont on sent que l’influence des différents arts nourrit la mise en scène, tant il ose se servir de chaque élément cinématographique pour créer son récit et imposer son style.

Sylvie (Sarah Vertongen) mère respectable qui gère le Ciel Flamand avec sa propre mère Monique (Ingrid De Vos, Confituur et Pauline & Paulette de Lieven Debrauwer), met un point d’honneur à protéger sa fille Eline (Esra Vandenbussche, vraie fille de Sarah Vertongen), de l’univers de l’établissement en lui en évitant l’accès. La vie de sa fille est parfaitement réglée : Eline vit presque dans les transports : amenée par la grand-mère le midi, elle mange dans l’auto avec sa maman. Dirk (appelé Tonton, Wim Willaert) un ami chauffeur de bus, la transporte de temps en temps également. Eline n’a pas le droit d’entrer dans le lieu de travail de sa maman qui « aide les gens en leur donnant des câlins ». Quand la petite fille y entrera, ce sera le drame et l’univers parfaitement organisé va exploser. 

Le bordel est un univers en soi, parfaitement cloisonné et donné à l’écran comme tel. C’est un microcosme tamisé rouge-orangé, où les femmes se métamorphosent. Soulignons la performance de Sarah Vertongen (aussi à l’affiche de  A quiet Passion de Terence Davies), Sylvie, qui enfile ses tongues arrivée chez elle et se transforme en souriante séductrice tenancière de bordel tirée à quatre épingles dès qu’elle entre dans son lieu de travail. On ne verra pas de chambre. La mise en scène n’est pas voyeuse et jamais lourde même dans la séquence ou la petite fille sera approchée par un adulte. Le cinéaste filme toujours des détails, c’est très subtil, jusqu’à évoquer les sens avec les odeurs de parfums « le nounours pue », ou encore la vue, lorsqu’Eline teste ses yeux et termine avec un pansement sur l’un parce que son œil était « un peu paresseux ce matin là ». Wim Willaert (déjà présent dans Offline, Quand la mer monte de Yolande Moreau, et la série Eigen kweek), interprète brillamment Dirk, homme taiseux, tout en retenue. Le passé des deux adultes est suggéré par les lourds non-dits entre eux. Sans compter le doute qui planera toujours de la part de Sylvie, puisque Dirk est un homme, donc potentiel coupable.  

Le tour de force de Peter Monsaert est de parvenir à créer l’élément de déséquilibre du récit par la perte du point de vue du personnage que l’on suit depuis le début du film : la petite fille. A l’origine, on est avec Eline, à sa hauteur, on épouse son point de vue de petite fille de six ans. C’est même l’adulte (La grand-mère) qui doit se pencher pour entrer dans son cadre et l’aider à mettre ses chaussures. Quand on ne la voit plus on est déstabilisés... Le spectateur est choqué de perdre son personnage de référence dont il a épousé le point de vue et c'est très fort... on se retrouve en cohésion avec les personnages adultes qui la cherchent sans la trouver, angoissés.

L’image, signée David Williamson, est ici absolument sublime et suit la mise en scène recherchée. Les humains sont envisagés de près, on est proche d’eux, que ce soit dans la maison ou au bordel. Les flous sont un élément régulier du récit nous montrant dans le même cadre ce qui a de l’intérêt en net et le secondaire en flou. On a souvent deux personnages envisagés de la sorte, avec l’un mis en avant plan par ce procédé. Lors des plans d’ensemble de nature, c’est l’immensité qui est envisagée face à un humain minuscule.

Le cinéaste parvient à nous offrir des personnages solides à la psychologie parfaitement dessinée et on n’échappe pas au suspense de l’histoire. Les acteurs sont au top dans ce film sensible qui prend le parti original d’observer la vie d’une famille dans le quotidien qui est le leur : la gestion d’un bordel.

 

Stéphanie LANNOY – Madamefaitsoncinema.be

 

 

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Le Ciel Flamand

Le ciel flamand

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