Voilà un film qui ressemble à un psychodrame français des années ’70. On y trouve un homme et une femme, un conflit, et on suit les effets de ce conflit sur leur relation. Le conflit en lui-même ferait plutôt penser à une nouvelle coup de poing: un homme âgé, (Tom Courtenay) apprend que le corps de son ancienne fiancée, disparue dans une crevasse il y a 50 ans, a été retrouvé intact.
On ne sera sans doute pas surpris d’apprendre qu’Hitchock avait déjà usé d’un pitch similaire pour l’un des épisodes de la série télé Alfred Hitchcock Presents (The Crystal Trench). Mais Haigh (et l’écrivain de l’histoire sur laquelle le film se base) est bien plus intéressé par l’effet que cette découverte a sur l’épouse, interprétée par Charlotte Rampling. Car pour elle, ce corps retrouvé se transforme en un fantôme qui ne vient pas seulement empoisonner son mariage mais aussi tout ce que ce mariage a pu représenter. En ce sens, on pourrait rapprocher 45 Years d’une version contemporaine d’une histoire de fantôme victorienne, mais mise en image comme un kitchen sink drama.
Et surtout, ce qui surprend, c’est que ça fonctionne à fond, en grande partie grâce à Charlotte Rampling. Rien que pour son regard dans le dernier plan, elle mériterait de décrocher un Oscar.