Tenir à la main le coffret de l'intégrale (version HD) de l'impeccable série Breaking Bad procure un frisson de bien-être, proche d'un sentiment de victoire.
Pourquoi donc? Pour des raisons bien simples: contrairement à d'autres joyaux noirs et cyniques du petit écran (The Shield, The Soprano Weeds,…), Breaking Bad n'a pas connu un seul épisode plus faible, pas un moment plus fade. Non, rien de tout cela, en 5 saisons, le producteur et scénariste Vince Gilligan nous tout dit, absolument tout à propos de la transformation d'un père de famille plutôt paumé, et atteint d'un grave cancer, en impitoyable baron de la drogue dure. Le tout avec une cohérence et une crédibilité sans failles, et surtout sans le instant moment de remplissage.
Ce qui frappe d'emblée chez Breaking Bad (à part les claques distribuées par les nombreux caïds croisés, et par leurs hommes de main) c'est la construction psychologique des personnages, toujours détaillée et complexe, parfois délibérément plus mystérieuse, afin de rendre plus inquiétants certains protagonistes (notamment Mike le destructeur). Le spectateur oscille entre peur (empathie) et rejet pour ses antihéros, fonçant droit vers un abysse sans fond, Walter White et Jesse Pinkman.
Un véritable principe de vases communicants existe entre ces deux personnages, le premier se nourrit du second, lui vole sa jeunesse, son énergie, sa vie. Car pour Walter White, il n'y a pas de limites. Ce brave père de famille de classe très moyenne transforme, petit à petit, les grandes frustrations de son existence en une sorte de quête anarchise et destructrice, manipulant un Pinkman de plus en plus dépassé par les événements atroces qui se produisent autour d'eux. N'oublions pas bien entendu l'impact de cette inquiétante transformation sur les proches de Walter et Jesse. Les dégâts collatéraux pleuvent en tous sens, absurdes, injustes.
Le créateur de la série, Vince Gilligan, ne cherche pas rassurer le spectateur, à aucun moment, ou alors pour mieux le tromper. Le grand final dont nous ne vous dirons rien est à la hauteur de la qualité générale, et respecte avec bravoure le fil conducteur nihiliste de Breaking Bad. En un mot: bravo!
Et voici en guise de mise en bouche quelques passages des nombreux bonus consacrés à la seconde partie de la dernière saison... Booooooom!