Sujet difficile et douloureux que celui de Dalva : à 12 ans, la jeune fille dont c'est le prénom vit totalement sous l'emprise incestueuse de son père, dont elle se croit amoureuse. Elle se maquille, porte des vêtements aiguicheurs, prétend se comporter en adulte. « Je ne suis pas une fille, je suis une femme », clame-t-elle.
Lorsque la police et la justice s'en mêlent et arrêtent son père, l'adolescente plonge dans la révolte et l'incompréhension. Contre l'appareil judiciaire, contre son foyer d'accueil, contre sa mère. Contre la terre entière.
Contre tout attente, ce premier film franco-belge de la française Emmanuelle Nicot (issue de l'IAD de Louvain-La-Neuve) évite par contre tous les écueils et les clichés que l'on pourrait s'attendre à trouver dans un film ayant pour sujet quelque-chose d'aussi horrible et révoltant.
Retour vers la normalité
Dalva est en effet moins un film sur la pédophilie et l'inceste qu'une histoire de reconstruction personnelle, de retour à la lumière et à la normalité pour quelqu'un dont tous les repères sociaux et moraux ont été bouleversés à l'enfance.
C'est un film dur, qui ne cache rien, mais évite tous les pièges, dont le plus évident, celui de la victmisation pleurnicharde et du misérabilisme. Dalva n'est d'ailleurs pas que subtil et réfléchi. C'est aussi un film qui se permet des touches d'humour très énergiques là où on ne les attend pas forcément.
Un autre de ses points forts est la magistrale interprétation de sa pourtant toute jeune (et belge) Zelda Samson, aujourd'hui seulement âgée de 14 ans, deux ans après le tournage. Un talent incroyable qu'Emmanuelle Nicot n'a carrément pas hésité à comparer à « une nouvelle Romy Schneider ». Dans le rôle de l'éducateur, on retrouve également l'épatant Alexis Manenti, découvert dans Les Misérables de Ladj Ly.
Autrement dit, voilà un film qui garantit bien davantage la qualité et le plaisir cinéphiles que simplement fabriqué pour couler le moral dans les chaussettes !
