Synopsis
Epigone français de Wiseman (dont le "Titicut Follies" en 1967 créait le scandale en montrant toute l'obscénité du traitement réservé aux pensionnaires d'une prison d'Etat réservée aux fous) et photographe renommé, Raymond Depardon décrit dans San Clemente (1982) un asile d'aliénés en mutation, dans une petite île de la lagune vénitienne. Là s'est construit une tentative de "psychiatrie alternative", inspirée par les travaux du docteur Franco Basaglia, l'un des militants essentiels du groupe Psychiatrica democratica, soutenu par le parti communiste italien, et inspirateur de la loi qui, en 1978, a fermé les asiles en Italie. "En fermant l'hôpital, déclare-t-il, nous annonçons aussi la fin de sa logique. L'asile est une institution de répression, de torture et d'isolement". L'idée maîtresse de Basaglia était qu'"une nation civilisée ne peut évoluer qu'en intégrant ce qu'on appelle ses tarés", c'est-à-dire qu'il ne faut pas exclure pour soigner, mais intégrer. En cela, il a voulu dénoncer la notion de confort social que représente le fait d'enfermer le malade mental pour être tranquille dans sa ville. Ce film a été tourné en dix jours, pendant le carnaval de Venise, peu de temps avant la fermeture de l'hôpital.