Synopsis
Avec ce nord perdu, le réalisateur Rigoberto Perezcano relève le défi courageux de traiter avec légèreté d'un sujet particulièrement douloureux : l'immigration mexicaine vers les Etats-Unis. Plus fort, ce cinéaste venu du documentaire et dont c'est le premier long métrage de fiction, tourne volontairement le dos au cinéma épique où les maîtres et les esclaves sont simplement opposés dans une lutte infernale où les premiers cherchent le profit et les seconds la survie. Ici, les personnages sont filmés sans condescendance et sans volonté dramatique, leur voyage sans nom et sans retour devient la matière fictionnelle elle même. Leurs vies se révèlent à travers ces temps morts et ces moments de silences sur fond d'images minimalistes, autant d'univers bannis du cinéma épique traditionnel. C'est pourtant ce style particulier qui permet au spectateur de s'identifier à ce portrait de la migration : la complicité entre des inconnus, les rencontres qui changent un destin et les vies éphémères vécues entre deux gares. Des montagnes de l'Oaxaca (sud du Mexique) jusqu'à la frontière avec la Californie, le périple d'Andrés est évoqué à travers des références visuelles simples et pourtant percutantes comme cette vue aérienne du "muro de la tortilla" (le mur qui marque la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis) qui obsède les immigrants et que le héros du film parvient à franchir à l'aide d'un passeur. Le voyage d'Andrés semble se figer un instant lorsque les gardes frontières le renvoient à Tijuana mais l'homme parviendra a trouver une solution inattendue dont l'inventivité et l'humour dérisoire ne nous font pas oublier la cruauté des enjeux et que les voyages qui nous sont dévoilés sont bien souvent de ceux qui aboutissent au bout de l'enfer.