Le film d’animation français Little Amélie a remporté le Prix du Public au prestigieux Festival du film d’animation d’Annecy – et à juste titre. Adapté du roman éponyme d’Amélie Nothomb, ce long-métrage raconte, à travers des teintes pastel éclatantes, comment une enfant curieuse découvre le monde dans toute sa beauté, mais aussi dans sa douleur, ses traumatismes et ses pertes. C’est une œuvre délicate, une ode à la vie vue à hauteur d’enfant.
Dès sa naissance, Amélie croit être Dieu. Et Dieu, pour elle, c’est un tube dans lequel la vie entre à une extrémité et ressort à l’autre. C’est sur cette note métaphysique que s’ouvre Little Amélie, un film d’animation français aussi tendre qu’introspectif, qui aborde autant la mort que la vie. Récompensé à Annecy par le public, son succès n’a rien de surprenant.
Ce film, fidèle au ton du livre, oscille entre philosophie, émotion et contemplation. Il parvient à maintenir cet équilibre avec finesse. L’approche autobiographique d’Amélie Nothomb, qui a grandi comme fille de diplomate et vécu son enfance dans plusieurs pays, notamment au Japon, rend l’histoire d’autant plus crédible et touchante.
Une vie en teintes pastel
Dans le film, nous découvrons le monde aux côtés d’Amélie, souvent à travers un regard d’enfant, presque au ras du sol. La première pluie, la première journée à la mer, la première fois qu’elle sent les fleurs au printemps… L’animation insuffle une touche de fantaisie enfantine à cette réalité quotidienne. Et pour un instant, nous retrouvons, nous aussi, notre émerveillement face aux petites choses de la vie.
Cela fait naître une certaine nostalgie d’un temps plus simple, où nos mains n’étaient pas rivées à nos téléphones, et où l’on pouvait s’extasier devant un aspirateur. Tellement fascinée, Amélie en fait même son tout premier mot.
Pour accentuer cette magie, la frontière entre réalité et imagination se floute dans une palette pastel. Un choix rendu plus accessible par le médium animé que par la prise de vue réelle. Les animateurs se permettent également des angles de caméra audacieux, presque impossibles à réaliser en live-action, renforçant ainsi l’immersion dans l’univers mental d’une enfant.
Le style graphique, apparemment naïf, convient parfaitement au récit. Derrière cette simplicité en apparence enfantine se cache une explosion de couleurs et de détails. Le film se passe volontiers de lignes claires, une esthétique dont on se lasse peut-être un peu aujourd’hui.
La mort à hauteur d’enfant
Amélie est aussi confrontée à la part plus sombre de l’existence. Des récits de guerre évoquent des traumatismes profonds. Dans une scène marquante, sa nourrice prépare du riz tout en évoquant un souvenir douloureux ; les grains deviennent alors le support d’une représentation visuelle de l’horreur. Ce procédé permet de préserver la sensibilité des plus jeunes tout en conservant une vraie profondeur narrative.
Certaines sous-intrigues auraient toutefois mérité davantage de développement. La relation avec son frère aîné, par exemple, débute sur une tension évidente. Si l’on comprend qu’elle finit par apprendre à l’aimer, le film ne consacre que deux brèves scènes à cette évolution. Quant à la sœur aînée, elle disparaît presque en arrière-plan.
Cela dit, la durée contenue du film se révèle être un choix judicieux. Rester constamment du point de vue d’Amélie permet d’atténuer la charge émotionnelle de certains thèmes, tout en conservant leur intensité. Car malgré la récurrence du thème de la mort, Little Amélie célèbre avant tout la vie.
Et lorsque le film se termine, c’est un sentiment de soulagement et de sérénité qui prédomine. Car malgré tout, chaque nouvelle naissance apporte son lot d’espoir : celui d’une paix possible, d’un avenir meilleur. Et peut-être, surtout, la joie simple de pouvoir, un instant, voir à nouveau le monde à travers un bocal à confiture.
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