Du combat que les suffragettes ont mené, à la veille de la première guerre mondiale, pour être reconnues comme des citoyen-ne-s à part entière, la mémoire collective a gardé ces images de femmes avec chapeaux et ombrelles, défilant en masse et portant haut des pancartes exigeant le droit de vote.
Le récit qu'en fait Sarah Gavron, romancé mais fidèle à la l'histoire de ce mouvement, est bien plus violent et dramatique que cette image d'Epinal rassurante. La réalisatrice suit la douloureuse prise de conscience par son héroïne, interprétée par une émouvante Carey Mulligan, de la condition des femmes et sa radicalisation face un gouvernement sourd aux revendications émancipatrices des suffragettes. Elle expose avec une âpreté parfois insoutenable les souffrances, les violences et les sacrifices que ces militantes ont endurés pour permettre à leurs revendications d'être relayées par une presse muselée par l'Etat. Les Suffragettes aurait mérité de voir ses personnages secondaires plus approfondis.
Malgré ce bémol, son approche politiquement incorrecte (la violence est parfois indispensable pour faire changer les choses) et sa mise en scène tendue rendent ce film hautement recommandable.
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