Joe Wright, réalisateur de 'Atonement' - Dossier Cinema

 
Deux longs métrages, deux fois Keira Knightley dans le rôle principal. Les critiques ont beau ne pas tous être convaincus par les talents d'actrice de la belle Anglaise, Joe Wright fait partie des inconditionnels. D'autant que ce réalisateur de 35 ans semble bien décidé à lui offrir des rôles auxquels elle n'aurait pas accès ailleurs. Dans sa version filmée du 'Orgueil et préjugés' de Jane Austen, l'actrice se retrouvait dans un rôle principal romantique assez classique, mais dans cette adaptation du bestseller d'Ian McEwan, 'Atonement', Wright la pousse plus loin. Une histoire prenante et complexe, qui parle d'amour volé, de conclusions erronées, et de remords. Le tout sur fond de seconde guerre mondiale. 'Atonement', film d'ouverture du Festival de Venise, s'est vu applaudi, de quoi faire de Joe Wright un homme heureux. Savez-vous d'où vous vient votre amour du cinéma? Joe Wright: Je suis quelqu'un d'assez spécial: je souffre de dyslexie. Enfant, cela m'a posé pas mal de problèmes. Je parvenais à peine à lire un livre, ce qui veut dire que la plupart de mes connaissances et de ma formation me viennent des films. Du cinéma de tous les horizons, pas seulement anglophone. Mes grands héros sont Fellini et Ingmar Bergman. Ils m'ont apporté énormément. N'avez-vous cependant pas l'impression que sans les livres, vous avez manqué quelque chose? Joe Wright: Evidemment. Je sais que je dois encore rattraper beaucoup. Quand je commence un nouveau film, c'est plus pour apprendre quelque chose que pour le raconter. Pour 'Pride & Prejudice', je ne savais quasi rien de Jane Austen ou de son époque. L'idée de pouvoir apprendre plein de choses à ce sujet a très certainement participé de la décision de faire ce film. Il en va de même pour 'Atonement'. Je voulais découvrir pourquoi ce livre fonctionne si bien. Le cinéma me donne accès au monde de la littérature. Mais à mes yeux, les livres ne sont pas nécessairement plus complexes que les films. On peut aussi bien établir plusieurs niveaux dans un film que dans un roman. Ne préféreriez-vous pas plutôt écrire quelque chose vous-même plutôt que de filmer des livres existants? Joe Wright: En fait, non. Quand on filme un livre, on travaille automatiquement au sein d'un cadre établi, et mon expérience m'a prouvé que, ironiquement, ce genre de limitations apporte une énorme liberté. On sait mieux ce qu'on a à faire. Une page blanche me paralyserait. Ian McEwan a-t-il eu son mot à dire dans le film? Wright: Il est à l'affiche en tant que producteur exécutif, mas en réalité, il m'a laissé une liberté totale. Son apport a essentiellement consisté en une grande disponibilité lorsque j'en avais besoin. Tout au début, lorsque nous avons écrit le script, on a discuté ensemble, parlé du livre et de ce qu'il signifiait. Il m'a énormément apporté. Et il nous a fait part de son feed-back pour chaque version du script. Il est plusieurs fois venu sur le set, mais surtout pour manger des sandwiches au soleil. (rit) Pourquoi avez-vous estimé que Keira Knightley était idéale dans le rôle de Cecilia, femme très 'upper class'? Joe Wright: J'avais d'abord eu l'idée de lui confier le rôle de Briony dans les scènes de guerre. Mais c'est parce que je la voyais encore comme la jeune fille de dix-huit ans avec qui j'avais tourné 'Pride & Prejudice'. Le temps ne s'est pas arrêté, et elle a vieilli. Pas seulement physiquement, mais également mentalement. Je me suis soudainement rendu compte qu'elle était devenue une femme, et que le rôle de Cecilia lui conviendrait beaucoup mieux. Sa phase Briony est derrière elle. J'ai pu établir ce changement dans 'Atonement', et j'en suis très heureux. Il a fallu la convaincre? Joe Wright: Pas du tout. Elle a demandé un petit temps de réflexion pour bien étudier le script, mais ensuite, elle a trouvé que ça lui correspondait. Je trouve d'ailleurs que c'est très courageux de sa part. La plupart des actrices de son âge sont à la recherche de rôles principaux qui les placent sous une lumière entièrement positive, des personnages qui sont toujours sympathiques et ne font jamais rien de sombre ou d'un tant soit peu répréhensible. Elles craignent que le public ne les aime plus et boude leurs autres films. C'est de la connerie, évidemment, mais beaucoup d'acteurs y croient, surtout à Hollywood. Heureusement, Keira n'en fait pas partie. La voyez-vous comme votre muse, pour employer un vocable ancien? Joe Wright: Non, je la vois plutôt comme une bonne amie. Je trouve que le mot muse est froid. Cela sous-entend une certaine distance, et une sorte d'étrange voyeurisme. Absolument pas la relation qui existe entre Keira et moi. Elle est plus proche de moi qu'une muse. Elle est une copine, et nous nous entendons bien. Nous pouvons nous parler ouvertement. Sur quoi vous êtes-vous basé pour les scènes de guerre? Joe Wright: Je voulais tout d'abord que les images soient crédibles, et tous les vétérans qui ont vu le film m'ont assuré que j'avais vu juste. Je voulais rendre l'idée de gaspillage qui est inhérente à la guerre. Celui des vies humaines, de l'espoir, des chevaux, des machines, et j'en passe. Vous êtes-vous inspiré d'autres films? Joe Wright: 'The Go-Between', un film de 1970 réalisé par Joseph Losey a toujours été dans un coin de ma tête. Le père de Vanessa Redgrave y jouait d'ailleurs un rôle similaire au sien dans 'Atonement'. Ian McEwan a lui aussi toujours cité ce film comme source d'inspiration pour son roman. J'ai revu le film lorsque la proposition de tourner 'Atonement' m'a été faite. 'The Go-Between' n'est pas un film parfait, mais il est terriblement intrigant. J'aime beaucoup ce genre de thèmes, la question de savoir qui j'étais étant enfant, de mon évolution, et de la responsabilité pour les choses que j'ai faites à l'époque. Dans quelle mesure sommes-nous encore les mêmes qu'alors? J'ai toujours, d'une certaine manière, peur du noir. Pour le reste, je n'ai pas vraiment regardé d'autres films. S'il y a des références qui se sont glissées dans 'Atonement', elles sont plutôt accidentelles. L'été avant de tourner le film, par exemple, j'ai vu 'Il Conformista' de Bertolucci, à New York. Je suis retourné le voir dix ou onze fois, tellement il m'avait impressionné. Peut-être qu'on en trouve la trace dans 'Atonement'. Mais ce n'est pas grave, si vous voulez mon avis. Ruben NOLLET
 

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