Baader & Mesrine - Dossier Cinema

 
Envie d'un petit tour dans la machine à remonter le temps? Direction les années 70, ces seventies de la Bande à Baader et de l'Ennemi Public N°1, au centre de deux (voire trois) des films incontournables de cet automne. Comme pour exorciser nos rêves de pattes d'eph' et de chansons d'Abba, voilà qu'on nous en rappelle les heures sombres. Terrorisme et grand banditisme. Mais pourquoi, au fait? C'est à l'époque où il assurait ses devoirs de promotion pour la sortie de 'Minor', finalement resté inédit en Belgique, que Vincent Cassel avait commencé à parler du tournage de 'Mesrine'. Du lourd, en regard de ce film de Jean-Jacques Annaud, mettant en scène un José Garcia joufflu et blond comme un angelot, dormant avec une vraie truie sur une hypothétique et antique île grecque. Où il était fortement question de pouvoir, de sexualité et de l'animalité de l'homme. Cassel, lui, y officiait en satyre, tout content de pouvoir en mettre un petit coup à une aussi jolie créature (Garcia, pas la truie). "Il y a tellement de choses consensuelles qui se font au cinéma, nous confie-t-il alors. J'y vais de moins en moins d'ailleurs." Et d'ajouter, à propos du projet 'Mesrine': "Quand il y a quelque chose qui sort de l'eau, il faut y aller." Il y est allé, l'acteur, dans un contexte bien particulier. Qu'il relie d'abord à son défunt paternel. "Je me disais que si je ne travaillais pas avec les gens de son âge, j'avais plus de chance de me trouver. Et puis, je voulais être dans quelque chose qui concerne les gens avec lesquels je vivais, c'est-à-dire les gens de mon âge." Seulement voilà: pendant des années, rares ont été les films en France à parler à la jeunesse. "Je fais partie d'une génération qui allait plutôt voir des films américains. Mais tout à coup, j'ai eu besoin de m'inscrire dans mon époque, dans l'énergie à laquelle j'avais l'impression d'appartenir. Et c'est passé par les films dans lesquels j'ai tourné." Avec les années, Vincent Cassel a su se construire, en tant qu'homme et en tant qu'acteur. Et apprendre à recentrer ses choix de scénarios. "J'aime quand ça marque. J'aime un certain esthétisme. J'aime les choses que l'on peut percevoir plus que comprendre. Pour moi, le cinéma, c'est quelque chose qui doit faire réagir, et qu'ensuite on peut comprendre." Deux réflexions quant à sa filmo? Un attrait pour des sujets sombres? "Dans les films qui sortent et qui ne sont que sombres, il me manque souvent quelque chose. Je suis arrivé "sur le marché" avec 'La Haine', et pour moi, c'est une comédie. Jusqu'au moment où il y en a un qui meurt!" Et pourquoi pas un film normal? "Avec tout le respect que je dois aux gens qui par moments jouent aussi un mec avec sa bagnole, son appartement, sa femme et sa fille, d'une quarantaine d'années et qui a des problèmes de couple, je dois dire que ça m'excite moins à la base. Que de jouer un demi dieu (Ndlr: dans 'Minor', donc), un paysan obsédé (Ndlr: 'Shaïtan') ou un criminel (Ndlr: 'Mesrine'). Je fais ce métier aussi pour m'échapper de mon quotidien. Quand j'étais plus jeune et que je voyais les films de mon père, je ne comprenais pas pourquoi il ne jouait pas Tarzan, Superman ou Daktari". Mesrine l'icône On ne heurtera personne en disant de Jacques Mesrine qu'il a tout fait pour ne pas être un citoyen normal. Et qu'il a au moins remporté une victoire: 30 ans après sa mort, on tourne deux films à son propos. Et qui pourraient cartonner, encore bien. Mais pour un acteur, qu'est-ce que ça apporte de jouer un tel personnage. Vincent Cassel y voit au minimum une certaine logique: "Peut-être parce que j'ai un lien assez fort avec ma génération quoi qu'il en soit, et la jeunesse en général. Je me sens très à l'aise pour le jouer. Ce personnage est une icône, pour une bonne partie de cette génération qui est la mienne, et aussi pour les jeunes (Ndlr: "Pour qui il est le dernier hors-la-loi", précisera-t-il plus tard dans le magazine Studio. Dans les rues et les banlieues, c'est un personnage très actuel)." Tout comme 'Der Baader Meinhof Komplex', sur nos écrans le 10 décembre, 'Mesrine' revient en quelque sorte sur les épisodes les plus sombres du début des années 70. Premier souci: comment traiter des sujets aussi délicats? Des protagonistes qui fascinaient, comme l'admettent Jean-François Richet, le réalisateur, et Thomas Langmann le producteur? Pour certains, ce roi de la postiche et de l'évasion, ce kidnappeur de gens riches était et reste encore une icône. Tentative d'explication signée Cassel: "Il y a des gens qui n'étaient pas nés à son époque et qui continuent à éprouver une espèce de fascination à son égard. Pourtant, il y a des gens qui ont tué plus que lui, mais il y avait quelque chose dans l'esprit, dans sa rébellion, qui continue à fasciner des gens." L'acteur rassure: il n'éprouve pas de fascination pour Mesrine. Et s'il a finalement dit oui au scénario de ce diptyque, c'est notamment parce qu'il met en lumière l'ambivalence du personnage au lieu d'en faire un héros. Dans un monde où c'est parce qu'on a une vie creuse qu'on se remplit de celle des "stars" de la téléréalité (on caricature mais presque pas), c'est déjà ça de pris. 'Mesrine, l'instinct de mort' est à la base l'autobiographie écrite en tôle par ce truand qui allait toujours au bout de ses actions. Le type qui fait ce que peu oseront jamais faire. On perçoit un peu le pourquoi de cette "icône", dans une société où la jeunesse n'est plus ce point de repère tellement l'avenir de celle-ci est peu assuré. Une icône qui est aussi, rappelle le film, macho et raciste. Baader le mythe La sortie en Allemagne de 'Der Baader Meinhof komplex' a été accueillie par une volée de critiques. Cible principale: le traitement réservé aux victimes, trop peu montrées pour certains et donc trop d'importance accordée aux criminels, qu'ici et là ils avaient même cru voir "héroïsés". A l'autopsie, il est vrai qu'il n'est pas fait grand cas de ceux à qui les exactions de Baader et compagnie ont coûté la vie. Mais Uli Edel, réalisateur issu de la télé, ne fonce pas non plus droit dans l'écueil du romantisme. S'il rappelle à quel point la Fraction Armée Rouge a compté de sympathisants à l'époque, il montre aussi que ces révolutionnaires, enfants de la génération nazie, furent des braqueurs et des tueurs, bourrés de contradictions (ils aimaient les belles voitures). Et surtout, du moins, c'est ce que montre son film: animés par de très vagues théories politiques ou sociales. Tout au plus y cite-t-on une fois Mao. Tout comme 'L'instinct de mort', 'Der Baader Meinhof komplex' fait la part belle à l'action. Le film est produit par Bernd Eichinger ('Le parfum', 'Les particules élémentaires', 'Der untergang'...). L'homme a étudié le cinéma à Munich au début des années 70. Il a donc bien connu cette période: "Les mouvements étudiants de la fin des années 60 m'intéressaient, avec ces idées d'anti-autoritarisme, de solidarité, l'envie de trouver un nouveau mode de vie. J'ai commencé à ne plus y trouver mon compte quand une partie de ces gens ont basculé dans la violence. Mais ça me fascinait." Même son de cloche du côté de Uli Edel, pour qui ce film, c'est effectivement l'histoire de sa génération. "En 68 et 69, je faisais partie d'une troupe de théâtre politique. Nous participions aussi à des manifestations. Je me voyais comme un révolutionnaire romantique. La RAF m'intéressait parce que j'étais excité de voir que des gens pouvaient aller au bout de leurs idées." Pour lui, la désillusion s'installe en 72, quand les premières bombes explosent... 'Der Baader Meinhof komplex' étant un film sans héros au sens cinématographique du terme, les spectateurs ne peuvent s'identifier avec les personnages. C'est en tout cas l'idée. On n'y montre que la monstruosité des événements, tout en évitant de trop développer les caractères. "Il ne faut pas que l'un d'eux devienne le ressort émotionnel du film, commentent les deux hommes. Autre décision: leur film est plus basé sur l'action que sur le discours politique. "Tout simplement, explique Eichinger, parce que la RAF a elle-même tourné le dos à la théorie pour basculer dans l'action violente." Vous avez dit romantique? Didier Stiers 'L'instinct de mort' sort ce 22 octobre; 'L'ennemi public n°1', le 19 novembre.
 

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