Une visite exclusive au set bruxellois du nouveau film d'action d'Aaron Eckhart.
Ce qui a précédé
En tant que journaliste cinéma, on voyage pas mal, et on se retrouve souvent à parler aux mêmes personnes. Fin 2010 et début 2011, j'ai interviewé Aaron Eckhart respectivement pour le drame intimiste destiné aux Oscars 'Rabbit Hole' et le blockbuster de science fiction violent 'World Invasion: Battle Los Angeles'.
Eckhart a la langue bien pendue, même s'il fuit comme la peste les questions trop personnelles, mais sa passion pour son travail n'a pas de limites. Il aime parler de ses débuts dans les oeuvres de Neil LaBute (voir entre autres 'In the Company of Men' et 'Your Friends and Neighbours') et s'étend avec plaisir sur ses seconds rôles dans des productions hollywoodiennes comme 'Any Given Sunday' et 'The Dark Knight'.
Lorsque, au cours de notre discussion à l'occasion de 'Battle Los Angeles', Eckhart se rend compte que je suis Belge, il se lâche encore plus. 'Mec, je serai dans ton pays sous peu. Je joue le rôle principal dans 'The Expatriate'. Ca va être un fabuleux film d'action dans lequel je vais faire toutes mes cascades. Ce sera peut-être le film le plus important de ma carrière. Il faut absolument que tu passes! Donne ton contact à mon agent.'
Avril 2011
Le mail
'Mister Eckhart kindly invites you to the set of 'The Expatriate'.', m'annonce un courriel dans ma mail box. C'est Presque trop beau pour être vrai. Après un coup de fil avec la responsable presse du co-financeur et distributeur belge uDream, il s'avère que c'est vrai. 'Vous pouvez venir samedi prochain à la place Poulaert?' 'Evidemment!'
La visite du plateau
Samedi matin vers huit heures, me voilà sur cette superbe place offrant une vue imprenable sur la capitale. Je me gare dans une rue transversale, et je vois des caravanes gigantesques. La plus grande est clairement réservée à monsieur Eckhart.
Sur la place, je rencontre la responsable presse. Elle m'indique où je pourrai me tenir pour les heures à venir. C'est une scène de la fin du film qui va être tournée. Raison pour laquelle je n'en parlerai pas trop en détail. Sachez seulement que les acteurs de second plan, accordéoniste compris, font que Bruxelles ressemble très fort à Paris.
Aux alentours de neuf heures, Aaron Eckhart arrive sur le plateau. Il a l'air tout sauf heureux. 'Il est à fond dans son rôle. Je n'avais encore jamais vu ça.', souffle l'une des assistantes de production. Je n'en crois pas grand-chose. Il a vraiment l'air de très mauvais poil. Un peu plus tard, il se retrouve mêlé à une discussion avec le réalisateur allemand Phillip Stölzl (surtout connu pour avoir tourné des clips de Rammstein).
Après quelques prises dans lesquelles Aaron Eckhart - contrairement aux figurants - répète à chaque fois les mêmes actions, il est temps de manger. Lorsque je demande à Phillip Stölzl s'il ne s'inquiète pas des problèmes de continuité, il rit: 'Je pense que ce sera le film contenant le plus de fautes de continuité de tous les temps. Le budget est bien trop bas et le facteur temps bien trop court pour qu'on ne s'inquiète en plus de ça.'
Le midi, Aaron Eckhart n'a toujours pas l'air de meilleure humeur. 'Il n'a vraiment pas le temps de vous parler.', me dit son assistant. Et lorsque je lui demande pourquoi je devais justement être présent ce jour-là, il ne peut me répondre. 'Mister Eckhart doit se préparer pour l'une des scènes les plus importantes du film, désolé.'
Entre temps, je taille une bavette avec Liana Liberato, la jeune actrice qui joue le rôle de la fille du personnage joué par Aaron Eckhart. 'C'est un honneur incroyable de pouvoir jouer avec un si grand acteur. Je me suis déjà retrouvée aux côtés de stars comme Clive Owen, Nicole Kidman et Nicolas Cage. Mais Aaron est sans aucun doute le plus intense.'
Dans 'The Expatriate', Aaron Eckhart joue un ancien agent de la CIA qui met le cap sur la Belgique avec sa fille afin d'y démarrer une nouvelle vie. Mais le duo devient soudainement l'enjeu d'une violente chasse. 'Les cascades sont phénoménales.', ajoute Liana Liberato. 'J'ai rarement eu de telles poussées d'adrénaline.'
'J'ai une mauvaise nouvelle.', m'annonce l'attachée de presse, alors que le soir tombe. 'Aaron Eckhart ne veut pas vous parler aujourd'hui. Le tournage est trop pénible. Il est complètement épuisé. Peut-être pourriez-vous le voir à l'hôtel un de ces jours?' Déçu, je repars.
L'interview
Trois jours plus tard, au très chic Conrad Hotel, avenue Louise. 'Aaron descend tout de suite.', annonce l'attachée de presse. 'Je suis heureuse que cela se fasse enfin.' Quelques minutes plus tard, c'est un Aaron Eckhart de clairement meilleure humeur qui me sert la main. 'C'est chouette de se revoir.'
L'acteur parle avec enthousiasme du projet. 'Je suis heureux de ne pas tourner à Hollywood pour une fois. Je m'étais rendu quelques fois en Europe lorsque j'étais jeune, mais ces dernières années, je n'y étais plus parvenu par manque de temps. 'The Expatriate' me donne l'occasion de profiter du vieux continent. J'ai absolument voulu venir quelques semaines avant le tournage. Histoire de déjà découvrir Bruxelles. J'ai mon café favori et ma laverie préférée. J'aime faire ma lessive moi-même, où que je sois dans le monde.'
Lorsque je lui parle du tournage, il embraye: 'Tout est fantastique. Le réalisateur sait exactement ce qu'il est en train de faire. Le résultat pourrait bien être un phénomène de second rang à la Bourne, et il le sait très bien. Raison pour laquelle il essaye d'éviter ça à tout prix.
Et quand je lui demande s'il n'enjolive pas un peu la réalité, il me rétorque: 'C'est vrai que certaines choses ne sont pas toujours fluides. Pour ce qui est de la production, l'industrie européenne pourrait encore en apprendre beaucoup des Américains. En plus, tu es passé alors qu'on tournait la finale. C'est un moment terriblement intense dans le film. Je pouvais aussi difficilement me laisser distraire.'
Mais, tout bien considéré, 'The Expatriate' a donc été une expérience positive? 'Toutes les productions ont leurs points positifs et négatifs. Je suis heureux, comme je l'ai déjà dit, de ne pas être sur un plateau hollywoodien pour la xième fois. Le contact avec une autre culture m'a fait du bien. En plus, je suis assez fier d'avoir pu faire la plupart des combats moi-même. Dans une grosse production hollywoodienne, ce n'aurait jamais été possible avec les problèmes d'assurances. En même temps, je ne vais pas nier que certains éléments de la production ont été moins lisses que prévu. Mais je reste quand même convaincu que tout le monde sera agréablement surpris par le résultat final.'
A suivre dans les salles!