Pendant une pause clope lors de son passage à Nantes, où il assurait la promotion de Turf, on a piqué six minutes montre en main à Alain Chabat, histoire de discuter un peu de ses autres projets. Il nous raconte pourquoi il a accepté de jouer sous la direction de Fabien Onteniente, le tournage du prochain Quentin Dupieux (Réalité) et évoque même La Cité de la peur 2.
Vous jouez dans Turf mais vous avez aussi le premier rôle dans Réalité, le prochain film de Quentin Dupieux (Wrong, Steak, Rubber...) qui sortira certainement cette année.
C’était formidable. Ça s’est tourné aux États-Unis, à Los Angeles. Pour moi, Wrong était vraiment une des meilleures comédies de l’année dernière, j’étais vraiment fracassé de rire. Je comprends pas pourquoi ça n’a pas plus pris, même si je sais bien que les films de Quentin Dupieux sont encore un peu trop confidentiels. En plus c’est très accessible, je suis toujours étonné quand on me dit que c’est bizarre. Je ne vois rien de bizarre, je trouve ça très, très drôle. Tout court. Ça faisait un moment qu’il voulait faire ce film avec moi, on s’était parlé.
J’étais sur Le Marsupilami et j’avais pas 15 jours à moi. Surtout, je voulais prendre le temps de le faire bien. Et puis à un moment je l’ai appelé, je lui ai dit que j’avais un mois. Il a monté la prod en deux secondes avec son producteur Grégory et puis on a tourné. Je crois que le film va être super, moi j’ai pris un plaisir dingue. J’adore le mec, je trouve que c’est extrêmement beau ce qu’il fait. On a pris le temps, on a cherché, on a fait des prises... Il est exigeant, il sait ce qu’il veut. Je suis vraiment pressé de voir le film.
Honnêtement - et je sais bien que le cinéma est fait de plein de choses différentes - vous prenez plus votre pied dans Turf ou dans le film de Quentin Dupieux ?
Moi, je sais ce que je fais seul dans mon coin, je sais ce qu’on faisait avec Les Nuls - qui était un truc très spécial. Et justement j’aime bien aller explorer des choses dans la comédie que je ne sais pas faire. Le cinéma de Fabien (NDLR : Onteniente) il est ce qu’il est : y a des gens qui détestent, y en a qui disent que c’est honteux, d’autres que c’est qu’un film et qu’il faut se détendre... Il provoque des choses.
Mais ça vous fait marrer ? Est-ce que Camping c’est votre truc ?
Camping, le premier, franchement, j’ai bien aimé. Le 2 moins, mais on a parlé avec Fabien et il me disait qu’il n’en est pas content. J’aime bien son honnêteté, sa sincérité. Après y a des trucs, même dans Turf... À certains moments, je lui ai dit : 'Franchement, je comprends pas mais je te fais confiance. Je suis acteur, donc vas-y, dis-moi comment tu veux que je le dise, mais je vois pas où est la vanne là-dedans'. Et quand j’entends des gens rire dessus, je me dis qu’en fait il capte un truc que je ne comprends pas.
Après, évidemment, le cinéma de Quentin il me touche énormément mais... je veux faire des expériences. Et puis je crois que les oeillères ça me gonfle un peu. Ça me vient de Les Nuls, l’émission. Y avait un invité comédie chaque semaine et de temps en temps on nous proposait des gens qu’on ne voulait pas avoir. Et parfois on le rencontrait et puis on se disait qu’en fait c’est con, parce que le mec est super et on va faire un truc super. Parfois c’était raté, mais finalement tu te dis : 'Allez, on tente. On tente un truc'. Je me pose moins de questions qu’avant.
Est-ce qu’à un moment vous avez été pris dans un truc où, à cause de votre succès avec Les Nuls, vous ne vous donniez pas le droit de vous louper ou de trop changer de forme d’humour ? Et finalement aujourd’hui, vous lâchez un peu prise ?
Exactement, ouais. De toute façon les gens ils te disent vite s’ils ont envie ou pas. Le truc il dégage au bout de deux jours ou alors il reste... Ce sont les gens qui valident un peu mon travail. Et c’est un peu con mais j’en parlais avec des potes aussi l’autre jour, et ils me disaient qu’un bon film c’est pas un film qui fait des entrées. Moi franchement, je sais que j’ai merdé un truc si les gens n’y vont pas. C’est complètement con, parce que La Personne aux deux personnes a fait un bide monumental. J’adore le film, mais je me dis qu’on a merdé un truc dedans. Je sais pas quoi. Peut-être la communication. Et puis ça devait être un tout petit film et ça a été vendu comme un plus gros film.
Vous avez vu le dernier Astérix ?
Ouais mais tard, parce que je tournais le film de Quentin, donc après le truc (NDLR : les mauvaises critiques). J’ai aimé voir Édouard là-dedans. J’attendais, on me l’avait démonté le film. Après je comprends, ce sont d’énormes budgets. Il y a une demande de résultats qui est obligatoire, c’est une industrie quand même.
Mais votre Astérix avait votre patte, même s’il fallait aussi faire de l’argent. Et ça a marché.
Oui, mais c’est aussi Claude Berri à la production, qui m’a laissé très peinard tout en sachant me dire de virer cinq pages de scénario parce qu’on s’en foutait de cette bagarre de Romains, que ça allait coûter une tonne. Et je mets un documentaire sur la langouste à la place !
À un moment on a parlé de La Cité de la peur 2, est-ce que c’est d’actualité ?
Non, non. À la fois on a envie parce qu’on continue à se parler et à se voir et qu’on s’aime - Chantal c’est ma soeur et Dom c’est mon frère - mais en même temps on se dit qu’il faut laisser La Cité de la peur tranquille. Ça va être pathétique, ça va être atroce. On avait pensé à une version pathétique même à un moment ! Mais en fait ça me foutrait le cafard en tant que spectateur. Je sais pas... J’aurais envie de faire des petits trucs, des petites conneries avec mes amis Les Nuls, légères, que ce soit pas LE grand retour des Nuls. Parce que ça va me foutre un cafard terrible ça. Mais peut-être pas hein...
Propos recueillis par François Léger
Turf, de Fabien Onteniente, avec Alain Chabat, Édouard Bear... Sortie le 13 février 2013.